La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé ce mercredi sur « LCI » qu'elle rencontrerait « dans les semaines qui viennent » les carabins et internes « en souffrance », après leur lettre ouverte dénonçant une « trop longue série » de suicides. « Il est impératif que je rencontre les étudiants en médecine (...) et les internes qui sont également en souffrance. J'ai prévu de les voir dans les semaines qui viennent », a précisé la ministre.
La ministre réagissait notamment à la lettre ouverte de l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI), publiée sur le site Internet du magazine « Elle ». Ce courrier a fait suite au suicide, en janvier, d'une jeune femme de 26 ans, interne en dermatologie à l'hôpital Cochin, à Paris. Le « dernier d'une trop longue série », selon l'ISNI qui y voit le symptôme d'un « échec collectif » et appelle Agnès Buzyn à « mettre sans délai en action les mesures concrètes et nécessaires pour qu'un autre drame ne survienne pas ».
Accès à la médecine du travail
Une mission sur les facteurs relatifs à la qualité de vie au travail des étudiants en santé a été confiée à l'automne 2017 au Dr Donata Marra, psychiatre et fondatrice du BIPE (bureau interface professeurs étudiants).
Joint ce mercredi, Jean-Baptiste Bonnet, président de l'ISNI, s'est réjoui de cette future rencontre. « Il faut passer à la vitesse supérieure », commente-t-il.
L'ISNI priorise trois axes de travail. Il souhaite que soit facilité l'accès à la médecine du travail pour les internes et la médecine universitaire pour les étudiants en santé. Le syndicat réclame aussi un « système de détection » des jeunes en souffrance ou en échec (universitaire, personnel, professionnel) afin de les accompagner au mieux avec des professionnels universitaires et/ou de l'extérieur à l'Université.
Gestion du stress, temps de travail…
Deuxième axe : réapprendre à « être heureux ». « Nous sommes souvent confrontés à la souffrance, à la mort, à un environnement managérial parfois difficile, à l'hôpital en tension… Il faut nous former », revendique le jeune patron de l'ISNI, citant l'exemple des formations à gestion du stress pour les pilotes de chasse.
Enfin, l'ISNI souhaite aborde l'épineux dossier du temps de travail à l'hôpital. « Nous savons que travailler plus de 60 heures semaine augmente les risques psychosociaux. Il faut faire appliquer plus sereinement la réglementation », rappelle-t-il. L'ISNI suggère qu'un audit sur les conditions de travail soit réalisé auprès des jeunes mais aussi des autres professionnels de santé.
Au micro de LCI, Agnès Buzyn a pointé « une vraie souffrance au travail dans la profession ». Elle a expliqué que « les médecins ont de plus en plus de mal à trouver du sens dans leur métier (car) on leur demande énormément de tâches annexes, administratives ». Ce malaise général est aussi lié à « la gestion de l'hôpital qui a été très budgétaire », sur laquelle Agnès Buzyn a affirmé être « en train de travailler » afin de « réformer l'hôpital public ».
Les autres structures ont également été conviées au rendez-vous.
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