Stages, temps de travail, installation : les internes en médecine générale réclament du changement

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Publié le 18/11/2016
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Crédit photo : S. TOUBON

L'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) a publié jeudi 17 novembre un livre blanc dans le but d'interpeller les candidats à l'élection présidentielle. « Nous formulons des propositions concrètes sur la formation, la valorisation de la médecine générale, la démographie médicale et l'exercice professionnel », souligne Stéphane Bouxom, porte-parole du syndicat.

Respect du statut et amélioration de la protection sociale

L'ISNAR-IMG rappelle sa position ferme sur le respect du temps de travail des internes, fixé à 48 heures par semaine. Sans le respect de la réglementation ou du repos de sécurité après une garde, le syndicat demande des sanctions financières à l'encontre des établissements fautifs.

Par ailleurs, les efforts doivent se poursuivre dans l'organisation des gardes. Le syndicat suggère le passage de cinq à six internes par ligne de garde. Il déplore que le nombre minimal soit déjà « fréquemment mis à défaut ». 

L'ISNAR-IMG formule plusieurs propositions pour améliorer la protection sociale des internes. Les internes de médecine générale demandent que la durée d'indemnisation dans le cas d'un congé maladie soit portée à un an. Actuellement, un interne perçoit la totalité de son salaire pendant trois mois, puis la moitié pendant les six mois suivants. En cas d'affectation de longue durée, l'interne devrait bénéficier de l'intégralité de son salaire pendant un an, puis qu'il soit réduit de moitié les deux années suivantes. L'ISNAR-IMG souhaite, dans le cas d'un accident du travail, que l'interne conserve l'intégralité de ses émoluments jusqu’à ce qu'il soit en état de reprendre son service.

Alors que la profession se féminise chaque jour davantage, le syndicat préconise la création d'un droit au congé pour enfant malade, un accès aux crèches des hôpitaux et un temps d'allaitement pendant les stages.

Doper les stages en ambulatoire et participation à la PDSA

L'ISNAR-IMG insiste sur le maintien du diplôme d'études spécialisées (DES) en trois ans centré sur l'apprentissage en cabinet de ville.

Ainsi, le syndicat préconise de rendre obligatoire le stage autonome en soins primaires ambulatoires supervisé (SASPAS), d'ajouter un stage à orientation gériatrique et de coupler le stage en gynécologie et en pédiatrie. « Actuellement les internes doivent choisir entre les deux. Or, compte tenu de la place centrale du généraliste comme médecin de famille, des compétences spécifiques à la santé de la femme et en santé de l'enfant sont indispensables », note le syndicat. Il suggère de participer à des gardes de régulation médicale téléphonique sous supervision du centre 15 ou 116-117 et à la permanence de soins ambulatoire (PDSA) sur la base du volontariat.

Augmenter le nombre d'enseignants

Pour promouvoir la médecine générale et assurer une formation adaptée, le syndicat souhaite l'augmentation du nombre de postes d'enseignants en médecine générale. Les effectifs d'étudiants inscrits en DES ne cessent d'augmenter et un enseignant encadre « 99 étudiants ce qui représente un ratio enseignants/enseignés bien inférieur aux autres spécialités », alerte-t-il. Au 1er novembre 2016, 40 postes de chefs de clinique en médecine général ont été ouverts, un nombre insuffisant, estime l'ISNAR-IMG.

Il rappelle que des inégalités de formation subsistent sur le territoire. De nombreux internes n'ont pas accès au SASPAS par manque de maître de stage universitaire (MSU). Pour pallier cet inconvénient, les jeunes généralistes appellent à valoriser le statut de MSU et demandent la mise en place de moyens nécessaires à leur recrutement.

Formation et aides incitatives pour l'installation

Le syndicat souhaite que l'accent soit porté pendant le cursus sur l'installation et la gestion du cabinet. « Les formations théoriques à l'installation sont très inégales (...) Certaines sont organisées par les départements universitaires de médecine générale, d'autres pas des associations et syndicats locaux », constate-il. Des séminaires pourraient être l'une des réponses.

Pour attirer les jeunes dans les zones sous-denses, le syndicat demande le développement des stages en cabinet de ville en milieu rural, semi-rural ou urbain avec une aide pour l'hébergement et transport. Selon lui, la coopération interprofessionnelle doit être renforcée dès la formation pour avoir une « meilleure connaissance des métiers » et réussir « le virage ambulatoire ».

L'ISNAR-IMG s'est positionnée pour la diversification des modes de rémunération en privilégiant le paiement au forfait. Elle salue l'aide à l'installation de 50 000 euros prévue dans la nouvelle convention pour les praticiens qui s'implantent en zone déficitaire. Hostile à toute tentative de contrainte à l'installation, le syndicat s'est fortement opposé il y a quelques jours à la proposition de loi du député centriste Philippe Vigier, qui proposait notamment que les nouveaux médecins diplômés exercent pendant trois ans dans une zone sous-dotée.

Pour encourager les installations, l'ISNAR-IMG demande une participation aux frais d'achat du matériel et des financements publics pour l'aide à la construction de maison de santé pluridisciplinaire (MSP). Il est également indispensable, estiment les internes, de promouvoir toutes les aides à l'installation existantes, quasi-inconnues chez les jeunes.


Source : lequotidiendumedecin.fr