SALLE DE RÉVEIL de la clinique des Maussins, Paris XIXe. Une dizaine d’hommes et de femmes en combinaison bleue surveillent des malades ensommeillés. Depuis novembre, Claudia et Matthieu, internes en 1er et 3e semestre, prennent part à l’activité du service d’anesthésie-réanimation de la clinique de La Générale de Santé spécialisée dans la prise en charge des lésions et des traumatismes de l’appareil locomoteur et plus particulièrement du genou. « Quand j’ai regardé la liste des stages proposés, j’ai trouvé celui-ci, étiqueté "stage en clinique", raconte Claudia dans un large sourire aux lèvres. J’ai fait quelques recherches sur Internet, et comme je voulais faire de l’anesthésie générale, je n’ai pas hésité. »
Après ses deux premiers cycles à Bordeaux, la jeune femme débarque à Paris en novembre. « Je voulais apprendre à intuber, acquérir les premières connaissances de base en anesthésie. » Quatre mois plus tard, Claudia assure avoir beaucoup appris. « On voit beaucoup de patients et on a la chance de participer aux gestes. Je fais 10 inductions par jour quand certains de mes collègues dans le public en font 3. Le travail est rapide, efficace. » Une journée lambda ? « On arrive à 7H15, on suit le programme des interventions en anesthésie, on prépare la salle, on arrive avec le patient au bloc, on l’endort, on l’intube, et on surveille l’anesthésie. Au début je regardais seulement, maintenant, je participe aux gestes. Quand le patient arrive en salle de réveil, on le surveille et on l’extube quand il faut. » La journée prend fin avec le programme vers 17 ou 18 heures. L’interne participe parfois aux consultations préanesthésiques, avec le médecin, en fin d’après-midi. Le week-end, elle prend des gardes - obligatoires en anesthésie - dans un établissement de Bondy (en Seine-Saint-Denis).
Les internes bénéficient de la couverture assurantielle des établissements dans lesquels ils sont en stage, de celle des praticiens qui les encadrent mais aussi de la leur propre. « Les établissements ont signé un avenant à leur contrat », explique Jean-Marc Coursier, directeur médical de la Générale de Santé. Le groupe de cliniques privées accueille 8 internes dans toute la France. Quant au salaire, il est payé à l’interne par l’AP-HP mais remboursé par la clinique. « L’établissement rembourse l’intégralité au CHU mais reçoit une MIGAC (1) qui correspond entre 20 et 50 % de la somme totale selon l’année de formation de l’interne, poursuit Jean-Marc Coursier. La Générale de Santé prend en charge l’intégralité des salaires des internes, soit plusieurs centaines de milliers d’euros par an, c’est un investissement pour nous. »
« On ne perd pas de temps… »
Matthieu fait un bloc axillaire sous échographie pour une arthroscopie du poignet, sous la surveillance d’un senior. Formé à Paris-V, l’interne apprécie l’apprentissage rapide des gestes. « Je voulais me former en anesthésie loco-régionale, faire des échographies, en fait je voulais avoir le plus de pratique possible, confie-t-il. Le fait de découvrir le monde du privé a pesé dans mon choix ». Il ne regrette pas. L’interne loue la « meilleure organisation et la meilleure productivité du privé ». « Ici, on ne perd pas de temps », glisse-t-il… Pour les cours théoriques, Matthieu se rend à Saint-Antoine une fois par semaine, le lundi après-midi, où il suit un staff.
Le Dr Gérard Quenet, un des huit anesthésistes du service, en charge de la douleur, apprécie la présence de jeunes professionnels à ses côtés. « La venue de ces stagiaires nous remet en question, dit-il. C’est stimulant car cela nous oblige à expliquer ce que l’on fait. »
À la tête du service d’anesthésie-réanimation, le Dr Christian Devaux, porte un regard bienveillant sur ce projet lancé en novembre 2010. « Nous avons déposé notre dossier en mars 2011 et la visite sur site du collège des enseignants d’anesthésie a eu lieu en juin », précise-t-il. Avant d’arriver aux Maussins il y a dix ans, l’anesthésiste a enseigné en France mais aussi aux États-Unis et au Québec. Ce qui explique son envie de transmettre à ses jeunes confrères. Selon le praticien, Les Maussins disposent d’un atout considérable en accueillant 8 000 patients par an dont 2 000 en ambulatoire pour des interventions en orthopédie réglée. La clinique a d’ailleurs été la seule à former des internes en anesthésie en Ile-de-France.
(1) Mission d’intérêt général et d’aide à la contractualisation.
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