5e année en psychiatrie, spécialisation en neuroradiologie interventionnelle : les maquettes d’internat se réinventent

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Publié le 11/03/2022

Crédit photo : S.Toubon

L'annonce était tombée en septembre dernier. À la veille des assises de la santé mentale, le ministre de la Santé avait ainsi appris aux étudiants et aux enseignants que l’internat de psychiatrie passerait de quatre à cinq ans, et ce dès novembre 2022 pour les nouveaux internes. Une maquette new look, plus longue, pour une formation « diversifiée ». À la faveur d’un arrêté publié le 9 mars au Journal officiel, c'est désormais chose faite. Un texte, qui, par ailleurs, vient remodeler de long en large les maquettes d’une quinzaine de spécialités.

Pour sa part, la naissance d’une nouvelle maquette en psychiatrie, cinq ans après l’entrée en vigueur de la réforme du 3e cycle, émane d’un compromis autour d’une querelle de chapelles entre psychiatries de l’adulte et de l’enfant. Pour éviter que le DES de psychiatrie - qui accueille chaque année entre 500 et 600 nouveaux internes - ne soit divisé en deux formations distinctes, les internes ont concédé sur cette année supplémentaire. « La séparation en deux DES distincts nous inquiétait vraiment, 75 % des internes de psychiatrie étaient contre », explique au « Quotidien » Ilia Humbert, présidente de l’Association française fédérative des étudiants en psychiatrie (Affep).

Choisir entre psychiatrie de l'enfant ou de l'adulte

À l'heure où d'autres pays européens ont fait le choix de deux spécialités séparées, le nouvel internat devrait donner davantage de place à la pédopsychiatrie. Le texte réglementaire fixe ainsi de nouveaux objectifs au DES, passant d’une « formation à la psychiatrie générale » en 2017 à celle « de médecins spécialistes en psychiatrie de l'adulte et en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent ». Deux semestres de stages sont ainsi ajoutés, dont « au moins » deux en psychiatrie de l’adulte et deux chez l’enfant, selon l’arrêté.

À l’issue de ces deux ans de stages, les internes devront choisir une option précoce qui déterminera leur spécialité : pédopsychiatrie ou psychiatrie de l’adulte. « Nous serons vigilants à ce qu’il y ait une vraie formation en psychiatrie de l’enfant, car dans certaines villes il n’y a encore aucun universitaire en pédopsychiatrie… Et les besoins sur les territoires sont énormes », avertit Ilia Humbert. Cette année d’internat supplémentaire se fera sous le statut de « docteur junior ».

Nouvelles options et exercice mixte

À la demande des carabins, la nouvelle maquette du DES introduit aussi trois nouvelles options attendues de longue date : psychiatrie de la personne âgée - uniquement accessible pour les internes qui auraient choisi le parcours adulte -, psychiatrie légale et psychiatrie périnatale.

Autre avancée : le texte permet une diversification de lieux de stages des futurs psychiatres. Les terrains de stages pourront être « mixtes », en dehors des établissements, en libéral, mais aussi à « l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police » par exemple pour les carabins ayant choisi l’option légale. « Nous sommes toutefois inquiets du nombre de stages en CHU qui passent de 3 sur 8 auparavant à 4 sur 10, se méfie Ilia Humbert. Nous craignons un afflux d’internes en CHU et une baisse de l’encadrement en stage ».

Enfin, la psychothérapie - abordée marginalement dans l’internat de psychiatrie - bénéficie désormais « d'au moins 80 heures dédiées » sur les 5 ans de cursus, précise le texte. « Mettre l’accent sur les psychothérapies nous tenait particulièrement à cœur, désormais nous pourrons nous rapprocher du statut européen de psychothérapeute », note Ilia Humbert. Ces nouvelles modalités rentreront en vigueur dès la rentrée 2022, pour la nouvelle promotion d’internes de psychiatrie.

Spécialisation en neurologie interventionnelle

Si la psychiatrie est la spécialité qui marque l’évolution la plus importante, d’autres disciplines voient leurs programmes évoluer. C’est le cas de la neurologie qui bénéficie désormais d'une 6e année de formation supplémentaire, pour les étudiants qui souhaiteraient se spécialiser en « traitement interventionnel de l'ischémie cérébrale aiguë ». Cette nouvelle option « a pour objectif d'assurer la formation initiale permettant la réalisation des actes de neuroradiologie interventionnelle exclusivement pour l'exploration et le traitement de l'ischémie cérébrale aiguë », précise le texte.

Deux semestres de stages sont donc ajoutés à la maquette de neurologie. Pour y être éligibles, les carabins devront obligatoirement avoir suivi au préalable un stage de 6 mois dans un service de neuroradiologie interventionnelle. Selon la Société Française de neuroradiologie, 42 centres de neuroradiologie interventionnelle ont pratiqué la thrombectomie en France en 2020.

Médecine de guerre

À la faveur de l'arrêté, le 3e cycle des études de médecine s’étoffe également de trois nouvelles formations spécialisées transversales (FST) : médecine hospitalière polyvalente, médecine palliative et médecine en situation de guerre ou en situations sanitaires exceptionnelles. Cette dernière surspécialité a pour objectif d’apprendre aux internes à « participer au soutien médical des forces armées en opérations extérieures » et « à la prise en charge de blessés en situations sanitaires exceptionnelles en contexte civil (afflux de blessés, événement de type nucléaire, biologique) ».

Pour valider la FST médecine de guerre, deux stages supplémentaires seront nécessaires, l'un au SMUR, l'autre en réanimation. Seuls les internes de médecine intensive et réanimation, d’anesthésie-réanimation ou les futurs urgentistes y sont éligibles.

Une formation pour l'exercice coordonné

Le texte publié au Journal officiel fait également émerger une nouvelle discipline : la « médecine hospitalière polyvalente ». Son but : « renforcer les liens entre les prises en charge hospitalière et ambulatoire pour garantir une prise en charge coordonnée et favoriser les exercices partagés ». Là encore, deux stages supplémentaires seront nécessaires, l’un en gériatrie, l’autre en médecine interne ou polyvalente, « avec possibilité, si le terrain s'y prête, d'effectuer des journées en hospitalisation à domicile », indique l’arrêté. Cette nouvelle discipline polyvalente devrait permettre d’« organiser la continuité des soins avec le médecin généraliste ».

Enfin, d’autres spécialités voient leurs maquettes légèrement refondues, avec, en vrac, l’introduction de stage ambulatoire obligatoire pour les internes d’endocrinologie- diabéto-nutrition, ou encore la possibilité de coupler pendant un an, pour les urgentistes, un stage hospitalier et un stage au Samu/Smur.


Source : lequotidiendumedecin.fr