À Strasbourg, tous les internes d'hépato-gastro-entérologie arrêtés pour burn-out, « une situation dramatique »

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Publié le 18/10/2021

Crédit photo : AFP

Depuis une semaine, plus aucun interne n’exerce au sein du service d’hépato-gastro-entérologie de l’hôpital de Hautepierre, à Strasbourg. Car le 11 octobre, « l'ensemble des internes ont été arrêtés par leurs médecins traitants en raison d’un syndrome d’épuisement professionnel », alerte le Syndicat autonome des internes d’Alsace (SAIA), qui déplore les conséquences « d’une situation dramatique au sein même d’un grand CHU strasbourgeois », suite à des années de dysfonctionnements. Pourtant, depuis deux ans, le syndicat affirme avoir informé direction des hôpitaux strasbourgeois et le doyen sur le dur quotidien des internes de ce service. Charge de travail « très conséquente », « défaut d’encadrement trop fréquent », mais aussi « manque cruel de pédagogie », aboutissent aujourd’hui au burn-out de tous les internes.

Pour tirer la sonnette d’alarme, il y a six mois déjà, l’ensemble des futurs gastro-entérologues avait refusé de choisir des postes au CHU d’Hautepierre, « craignant pour leur santé et leur formation », rappelle le SAIA. Les postes avaient finalement été ouverts sur décision de l’université et de l’Agence régionale de santé. « Nous n’avons pas pu nous y opposer », regrette encore le syndicat, qui voit dans cette décision « la dépendance totale de l’hôpital public au travail des internes. Ceux-ci sont indispensables pour maintenir l'activité d’un service, au détriment de leur santé ».

Mise en danger des patients

Malgré des promesses de réorganisations du service, « aucune action concrète n’a pu être entreprise, conduisant la situation actuelle de burn-out des internes », déplore à nouveau le SAIA, qui souhaite aujourd'hui expliquer aux patients pourquoi le service d’hépatologie-gastro-entérologie dysfonctionne. « Ces internes ne sont pas arrêtés pour prendre des vacances mais bien pour ne pas nuire à la prise en charge de leurs malades », avance le SAIA.

Il y a quelques jours, la vaste enquête « Santé mentale » menée par l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI) et l’Intersyndicale nationale autonome représentative des Internes de médecine générale (Isnar-MG) avait mis en lumière l’aggravation de la santé psychique des étudiants en médecine, dont les internes. Selon l’étude, ils sont désormais 75 % à souffrir d’anxiété et 39 % à manifester des symptômes dépressifs dans la semaine précédant le questionnaire.


Source : lequotidiendumedecin.fr