Le Centre national d'appui (CNA), structure dévolue au bien-être des étudiants en santé et promise par le gouvernement depuis un an, est enfin sorti de terre. Il a été présenté ce lundi par les ministres de la Santé, Agnès Buzyn, et de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, aux côtés du Dr Donata Marra, psychiatre et pilote du CNA.
Le constat rappelé par les représentants d'étudiants en santé est alarmant. « Il y a un mal-être généralisé chez les étudiants en santé, explique William Chastel, président de la Fédération française des étudiants orthoptistes (FFEO). Il n'y a pas une année ou nous ne sommes pas confrontés à une sortie d'études, une dépression ou un passage à l'acte. »
Il y a tout juste un an, le gouvernement avait annoncé une quinzaine de mesures fortes, inspirées du rapport du Dr Marra, pour lutter contre la souffrance des étudiants en santé. Le CNA représente la clé de voûte de ce plan. « Si nous sommes réunis aujourd'hui, ce n'est pas pour concrétiser seulement l'une de ces mesures mais pour lancer celle qui rend toutes les autres possibles », commente Frédérique Vidal.
Former les formateurs dès septembre
Le CNA a pour objectif de coordonner les actions de terrain et les acteurs. Il regroupera à la fois des représentants étudiants, des doyens, des enseignants, des hospitaliers et des experts dans leur domaine (sociologie, psychiatrie, pharmacologue, santé publique, etc.). Il devra impulser plusieurs actions : former les formateurs au repérage de personnes en souffrance, élaborer des recommandations pour développer la qualité de vie des étudiants, réaliser des enquêtes annuelles sur l'impact des réformes du premier et second cycle des études de médecine sur le bien-être étudiant, créer des clips de prévention ou encore aider au développement de structures de soutien localement.
Première action concrète du CNA : une session de formation sera proposée en septembre aux coordonnateurs des diplômes d'études spécialisées (DES) de médecine.
Agnès Buzyn a souligné que le lancement du CNA représente une « accélération dans le virage de la prévention ». « L'épanouissement dans les études préfigure souvent l'épanouissement dans une carrière professionnelle et au-delà dans une vie. Il ne faut pas avoir peur des mots, le constat partagé avec vous, n'est pas acceptable », déclare-t-elle. « Certaines causes de mal-être de nos étudiants sont liées à l'organisation même de nos formations », souligne la ministre. Les sources sont multiples : compétition lors de la première année commune aux études de santé (PACES), qui ne fait que s'accroître jusqu'aux épreuves classantes nationales (ECN) en 6e année ; encadrement pédagogique hétérogène lors des stages ; pression déraisonnable, etc. « Il y a aussi des situations scandaleuses de harcèlement, de sexisme, voire de maltraitance qui touchent toutes les formations en santé », ajoute Agnès Buzyn. « Le dire ne suffit pas, cette réalité alarmante nous impose une action et c'est là tout le rôle du CNA. »
Les carabins et internes satisfaits
Après une année d'attente, les jeunes professionnels de santé ont salué l'arrivée du CNA, même si plusieurs inconnus persistent, dont le financement du dispositif, le local alloué et le calendrier de travail. L'Association nationale des étudiants en médecine (ANEMF) s'est dite « optimiste ». Elle espère une réelle avancée au local à l'image du BIPE (Bureau interface professeurs étudiants). « Il faut maintenant des structures locales qui ont un vrai accompagnement et qui soient ouvertes à tous les étudiants », commente Roxane Hellandsjö-Prost, présidente de l'ANEMF. Elle réclame un budget à allouer aux différentes structures de formation. L'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine de générale (ISNAR-IMG) a aussi salué le lancement du CNA. Le syndicat souhaite un élargissement de la formation. « Il faudra qu'elle soit accessible aux encadrants comme les chefs de cliniques, les maîtres de stage, les chefs de service et les internes », ajoute Pierre Guillet, premier vice-president de l'ISNAR-IMG.
Les dernières enquêtes (déclaratives) réalisées sur la santé et le bien-être des jeunes professionnels de santé montrent que 27 % des carabins ont des symptômes dépressifs, trois fois plus que la population générale. 24 % ont des idées suicidaires, presque six fois plus que la population générale. 19 % des étudiants en soins infirmiers ont des symptômes dépressifs et 7,4 % ont déjà présenté des idées suicidaires. Sept étudiants en maïeutique sur dix présentent des symptômes dépressifs et 60 % déclarent avoir été maltraités en stage.
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