Je suis « mercenaire » depuis 30 ans ! Par défaut, pas par choix, pour améliorer mes fins de mois. Il faut arrêter la désinformation de tous ces salopards de politiciens qui eux ne trouvent rien à redire quant à leurs émoluments (en toute légalité bien sûr, comme disait M. Fillon, puisqu’encadrés par des lois qu’ils votent eux-mêmes pour eux-mêmes) et leurs retraites multiples totalement délirantes, pour seulement quelques mois ou années d’activité, au frais des contribuables.
Par contre, lorsque j’ai commencé ma carrière, j’ai constaté à mon grand désarroi après Bac +12, que l’hôpital public n’offrait rien de mieux qu’une médiocratie plutôt qu’une méritocratie. Jeune, corvéable et malléable à merci, présent chaque jour au bloc opératoire avec des horaires interminables, de garde de nuit sans repos de sécurité avec parfois 34 heures d’affilée sans dormir ! Tout cela pour un salaire de misère. Bref, l’esclavage moderne.
Face à moi, des chirurgiens en fin de carrière que, comme les préfets que vous citez (cf. « Intérim médical : il ne faut pas mettre de l'huile sur le feu », Le QdM du 9/12/2019), on ne voyait jamais ou très rarement, pour un salaire au plafond de la fonction du PH temps plein. À l’hôpital, il y a pléthore de praticiens surchargés, en burn-out, toujours omniprésents, mais il y a aussi, dans beaucoup d’autres spécialités, des praticiens (comme dans l’administration) jamais ou rarement présents, bien planqués. Tout cela pour un salaire identique.
Il faut arrêter le délire madame Buzyn. Les tarifs des intérimaires sont les mêmes depuis 30 ans, correspondent seulement à la rémunération d’un PH temps plein 13e échelon, plus un plafond de garde. Ces intérimaires sont bien souvent de nouveau, les esclaves et les girouettes de beaucoup de PH titulaires, qui du coup les utilisent pour se tirer ou se planquer. Comme m’a dit un jour un directeur de CHG : « Je préfère payer un intérimaire qui bosse, qui ferme sa gueule, plutôt qu’un PH toujours en grève ou qui ne fout rien. »
Pour finir, que dire des spécialités où il n’y a aucun contrôle quant à la présence et l’activité ? Les anesthésistes sont présents tous les jours, nuit et jour, 365 jours par an ! Le seul qui peut se planquer s'il le souhaite doit se faire élire chef de service car sinon, c’est impossible, dans la mesure où nous sommes la seule spécialité au monde dont l’activité est horizontale, constituée par une équipe. Une seule absence est immédiatement remarquée et désorganise tout.
Un simple exemple pour finir : que dire des services d’orthopédie ou de chirurgie viscérale où il y a 8 chirurgiens par spécialité, chacun de son côté, sans aucune unité qui font leur journée opératoire (ou demi-journée), une journée de consultation, puis disparaissent jusqu’à la semaine suivante ! Mais là, notre ministre de la Santé ne trouve rien à redire quant à leur rémunération !
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