Démographie médicale

De la formation à l'exercice, les propositions des futurs généralistes pour l'accès aux soins

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Publié le 12/04/2022
Le futur des généralistes continue de plancher sur l’accès aux soins. L’Anemf, l’Isnar-IMG et ReAGJIR ont travaillé en commun sur ensemble de propositions pour solutionner la problématique de l’accès aux soins, loin des menaces de coercition.

Les jeunes médecins continuent d’être force de propositions sur l’accès aux soins. En cette période électorale, l’association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) et le regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) viennent de publier des propositions communes pour améliorer l’accès aux soins.

Déjà en mars 2020, au moment des élections municipales, les trois structures avaient élaboré des conseils à destination des élus locaux pour éviter la surenchère. En mars dernier, elles avaient aussi participé, avec une trentaine d'organisations, à la construction d'idées en faveur de la démographie médicale. Cette fois encore, l’objectif est de montrer que la coercition n’est pas la solution miracle pour résoudre le problème des déserts médicaux. Les jeunes médecins veulent « déconstruire les clichés sur l’accès aux soins et avancer des pistes pour solutionner cette problématique ».

Côté formation, pour aider les nouveaux diplômés à passer plus facilement le cap de l’installation, l’Anemf, l’Isnar-IMG et ReAGJIR considèrent qu’il faut former davantage les étudiants au management et à la gestion pour les préparer à leurs futures vies professionnelles. Développer les structures d’accompagnement à l’installation et mieux faire connaître les démarches et les aides à l’installation participent aussi à ce mouvement. La création du guichet unique pour aider aux démarches est par exemple une revendication de longue date des jeunes médecins.

Une récente étude de la Drees (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) a montré que les médecins issus de milieux ruraux ou populaires sont plus enclins à y exercer par la suite. Les jeunes médecins appellent donc à diversifier les profils des étudiants, ce qui pourrait passer par une décentralisation et une dématérialisation de la formation.

Une rémunération supplémentaire en zone sous-dense

L’objectif est également de faire découvrir les territoires aux étudiants pendant leurs études. Le développement des hébergements territoriaux ou la revalorisation de l’indemnité de transport peuvent aider dans ce sens. Mais le nerf de la guerre, c’est encore et toujours le développement de la maîtrise de stage qui doit être poursuivi et renforcé. Les futurs généralistes appellent aussi à développer le nombre d’enseignants en médecine générale, discipline toujours largement moins pourvue que les autres spécialités. Pendant les stages, ils proposent aussi de permettre une prise en charge des visites à domicile pour les internes, via des indemnités kilométriques ou la création d’une indemnité forfaitaire mensuelle.

Plutôt que la coercition, les généralistes de demain proposent de renforcer les incitations. Celles déjà existantes comme les bourses, le CESP ou le contrat de début d’exercice et des nouvelles. Ils évoquent par exemple le développement des zones de revitalisation rurale ou les zones franches urbaines, mais aussi la prise en charge financière du secrétariat ou une rémunération complémentaire si l’exercice principal ou complémentaire se fait en zone sous dense. La diversification à la fois des rémunérations et des modes d’exercice est aussi plébiscitée par la nouvelle génération.

Agir sur la demande de soins

Au-delà de l’installation pour renforcer l’accès aux soins, les structures jeunes se prononcent pour le développement des structures collectives coordonnées et des protocoles pluriprofessionnels. Le renforcement des acteurs comme les IPA, infirmiers Asalée ou assistants médicaux doit permettre de libérer du temps médical. Permettre davantage l’exercice partagé ou aider le remplacement en zone sous-dotée viennent compléter ce panel de propositions.

Agir sur l’offre de soins c’est aussi agir sur la demande. Les jeunes médecins appellent à des actions« sur la source et les causes des problèmes de santé en amont, plus uniquement sur le “care” ». Éduquer la population à la santé, limiter les certificats superflus, augmenter le budget prévention mais aussi réduire les inégalités de santé ou l’impact du système de santé sur l’environnement font aussi partie des propositions préconisées par les généralistes de demain.


Source : lequotidiendumedecin.fr