Depuis Colmar, les remplaçants et jeunes installés s’engagent pour une médecine de la diversité

Fidèles à leur réputation, les Rencontres nationales de ReAGJIR ont cette année un thème qui démontre l’ouverture de la jeune génération de généralistes, la volonté de questionner son exercice et de mettre au centre le patient.

En effet, pour les deux jours de Congrès qui s’ouvrent ce jeudi 15 juin à Colmar, le syndicat des généralistes remplaçants et jeunes installés a choisi comme sujet : Médecine de la diversité, médecine au carrefour des humanités.

« La médecine doit s’exercer pleinement dans sa diversité et son humanisme, en intégrant les savoirs de toutes les disciplines, notamment les sciences humaines et sociales, la philosophie l’écologie, l’économie et les sciences politiques », a souligné en ouverture la présidente du syndicat le Dr Élise Fraih.

« C’est pourquoi cette année, nous avons voulu mettre à l’honneur certains grands oubliés, dont les soins qui sont peu, ou pas, enseignés dans nos facultés et donner la parole à des experts d’autres domaines », ajoute-t-elle.

Pendant deux jours, les 150 congressistes vont donc notamment pouvoir suivre des ateliers sur la précarité numérique en santé, la dermatologie sur peau noire, le repérage et la prise en charge des personnes en situation de handicap ou encore l’accueil et l’accompagnement des patients transgenres.

« Mais exercer une médecine humaine, c’est aussi prendre soin de soi », souligne le Dr Fraih. Les Rencontres permettront donc aussi de discuter de l’impact des changements environnementaux sur la santé mentale et de comment les soignants peuvent prendre soin de la leur.

Une année difficile

Mais au lendemain d’une journée où la question de l’installation des jeunes médecins a encore une fois été au cœur des débats à l’Assemblée, les Rencontres sont forcément aussi politiques.

« Il n’y a pas de construction de médecine humaine pour toutes et tous sans réelle volonté et projet politique qui font cruellement défaut aujourd’hui », a d’ailleurs déclaré la généraliste alsacienne.

Pour répondre au climat actuel, le Dr Fraih a redit que « les jeunes médecins ne sont pas responsables de la situation démographique médicale ».

Elle a tenu à déconstruire les idées reçues trop souvent véhiculées aujourd’hui : « les remplaçants ne sont pas les profiteurs désinvoltes et individualistes décrits par certains, mais des professionnels de santé à part entière, construisant leur identité professionnelle, désireux de s’engager dans des projets territoriaux qui ont du sens ».

Une fois de plus, elle a souligné qu’ils « méritent d’être conventionnés et d’avoir les mêmes droits de formations que les autres ». Le directeur général de l’Assurance maladie, Thomas Fatôme, attendu en fin de journée sur le Congrès apportera peut-être une réponse sur ces points.

« Les jeunes installés ne sont pas les corporatistes brossés à gros traits par certains médias, mais des médecins aux côtés des patients, tous les jours, dans un système de santé qui s’effondre », a-t-elle aussi mis en avant.

Si elle reconnaît que « l’année n’a pas été facile », les jeunes médecins ne désarment pas et continuent de combattre pour « un exercice professionnel, cohérent, juste et équitable, construit pour et autour des patients ».