Depuis deux ans de crise sanitaire, les étudiants en santé ont montré, s’il y avait besoin, leur place essentielle dans le système de santé Français. Et à l’heure où chacun y va de ses propositions en santé pour l’élection présidentielle, les étudiants en médecine ont eux aussi leur mot à dire.
L’association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) a donc publié un livre blanc avec des propositions pour 2022.
Aide financière pendant la formation
Pour ce qui est de leur formation, l’Anemf s’engage contre la précarisation des étudiants. Pour cela, l’association demande notamment une vraie reconnaissance et un soutien financier et matériel aux tutorats pour qu’ils ne soient plus en concurrence avec les prépas privées. La mise à disposition gratuite et numérique des référentiels des collèges des enseignants de spécialités doit aussi permettre de lever un frein financier important.
Côté rémunération, les étudiants demandent notamment à ce que les salaires des externes soient alignés sur ceux des étudiants stagiaires de l’enseignement supérieur, soit 375 euros net par mois ou que ces derniers aient le droit à la prime d’activité. Actuellement ils ne touchent pas assez pour y être éligibles.
Les différentes réformes des études médicales encouragent aussi le développement des stages hors CHU et la découverte des territoires. Pour que l’aspect logistique et financier ne rentre pas en conflit avec cette volonté, l’Anemf suggère la création et le développement des internats et hébergements territoriaux. Elle recommande aussi l’extension aux stages réalisés en centres hospitaliers périphériques de l’indemnité d’hébergement de 150 euros prévue pour les stages ambulatoires en zones sous denses.
Des moyens pour l'université
Pour l’université, le livre blanc appelle à une « augmentation massive » des ressources humaines au sein des facultés et des moyens alloués par étudiant. « Les universités deviennent peu à peu des entreprises ! Ainsi l’établissement qui se montre le plus ambitieux rafle la mise tandis que celui dont les capacités d’accueil ne permettent pas la mise en place de projets d’envergure est pénalisé », souligne également l’Anemf. Elle souhaite donc « sortir de la logique de l’appel à projets qui renforce les grosses universités au détriment des petites » et plutôt renforcer le financement socle des universités.
Nouvelles méthodes pédagogiques
Sur la formation en elle-même des futurs professionnels de santé, le livre blanc suggère notamment de favoriser la découverte des différents exercices avec davantage de stages cliniques en périphérie, ou des enseignements dans le programme national d’enseignement.
La simulation et la mise en situation doivent également devenir une norme dans l’apprentissage de l’examen clinique. Afin d’améliorer la pédagogie, les étudiants appellent à former les enseignants et chefs de clinique enseignants aux nouveaux enjeux pédagogiques et à intégrer l’évaluation des compétences et des activités pédagogiques dans le processus qui sert à les sélectionner. Reconnaître et développer la recherche en pédagogie médicale est également un point essentiel.
Interprofessionnalité dès les études
Les professionnels de santé de demain sont tournés vers l’interprofessionnalité, et cela démarre dès les études. L’Anemf suggère donc davantage d’enseignements et de lieux de stages en interprofessionnalité ainsi qu’une intervention des patients augmentée dans la formation. La formation initiale doit aussi intégrer un module commun d’initiation au numérique. L’ouverture à l’international, via les stages à l’étranger, ou l’enseignement des langues étrangères peuvent aussi être développés.
Depuis plusieurs années, les étudiants en santé se sont également fortement mobilisés pour faire avancer le sujet de la prévention des risques psychosociaux (RPS) dans les études. Sans surprise, le livre blanc de l’Anemf consacre donc un chapitre à ce sujet et reprend plusieurs de revendications portées par les organisations étudiantes depuis des mois. Formation obligatoire des accueillants sur les RPS et les violences sexistes et sexuelles, sanctions financières contre les établissements avec des situations de maltraitances, fermeture des terrains de stages où des problèmes sont signalés, notamment.
La coercition, c'est toujours non
Dans cette campagne 2022, la santé s’invite dans les programmes la plupart du temps sous l’angle de l’accès aux soins. Et bien souvent, les étudiants en médecine se retrouvent les boucs émissaires avec à la clé des propositions entre conventionnement sélectif et coercition. Ces derniers se sont systématiquement opposés à ces mesures, rappelant leur inefficacité. À la place, l’Anemf encourage à faire découvrir les territoires aux étudiants à travers davantage de stages en périphérie et l’augmentation du nombre de maîtres de stages notamment. Les capacités de formation des UFR doivent également être corrélées avec les besoins démographiques en médecins. L’association demande aussi la réouverture de la possibilité de signature du contrat d’engagement de service public (CESP) dès le premier cycle. Enfin la redensification médicale des territoires doit aussi passer par une redensification des services publics nécessaires dans ces mêmes territoires.
Pour rénover l’offre de soins, la jeune génération appelle aussi à favoriser l’exercice coordonné et le développement des lieux de téléconsultation.
Pour refonder le système de santé, les étudiants souhaitent que les médecins puissent être remis à l’initiative des projets, que le bien-être, la vie et le patient soient remis au cœur du système et que la gouvernance soit repensée avec davantage de pouvoirs aux acteurs. Ils appellent également à une meilleure coordination ville/hôpital en transformant notamment les GHT en réseaux territoriaux de soins ou en renforçant l’attractivité des centres hospitaliers non universitaires.
Violences, sexualité, environnement : une médecine engagée
Tout un chapitre du livre blanc de l’Anemf est consacré à la place sociétale de la médecine. Côté prévention, les étudiants font donc toute une série de propositions pour renforcer le sport sur ordonnance, la vaccination ou la lutte contre l’antibiorésistance. Pour les enjeux de société, l’accent est mis sur l’éducation à la sexualité, la prise en charge des personnes vulnérables, particulièrement celles victimes de violences et l’accueil et le soin des personnes migrantes. L’émergence d’une santé tournée vers l’environnement est également mise en avant comme point primordial. Enfin l’apparition des fake news en santé a renforcé plus que jamais le besoin d’avoir une médecine basée sur la science et une éducation à l’esprit critique qui commence dès les études de médecine.
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