Vous lancez un appel à la grève des internes en médecine le 14 octobre prochain. Pourquoi dénoncez-vous dans votre communiqué « la précipitation de la mise en place de la quatrième année de médecine générale » ? La régulation à l’effectuer en désert médical est-elle un frein ?
Il y a trois semaines, avant le dépôt du PLFSS, nous apprenons par le Journal du dimanche que le gouvernement compte mettre en place une quatrième année de médecine générale qui devrait être effectuée en désert médical. Au final après des échanges avec la tutelle, dans le texte qui apparaît, nous ne sommes plus dans une obligation mais dans une incitation. Plus précisément, selon ce texte, la quatrième année devrait se faire prioritairement en zones sous-denses. Cela ne nous choque pas plus que ça, car cette mesure fait déjà partie d'une loi précédente de 2019.
Pourquoi alors protester contre ce texte ?
Depuis la publication du premier texte du PLFSS, la situation a évolué. Les discussions sur les articles au Parlement ont donné lieu à des amendements bien plus coercitifs déposés en masse qui suppriment le mot prioritairement et obligent à effectuer cette année en zone sous-dense. Par ailleurs, il est inscrit l’obligation de l’effectuer en ambulatoire. Or cela ne correspond pas forcément aux profils des étudiants en médecine générale qui font aussi de la médecine polyvalente. Il devrait être possible de réaliser un stage libre pour leur permettre de rentrer en préprofessionnalisation ou finaliser leur formation dans un domaine qu'ils exerceront ensuite en médecine générale ambulatoire.
Quid de la mise en œuvre pour l'installation de cette quatrième année ?
Notre préoccupation porte sur la mise en œuvre à la rentrée 2023. Alors que le CNGE nous vend depuis des années une hausse de maîtres de stages universitaires, nous ne la ressentons pas, sinon pour absorber l'augmentation naturelle des conventions d'internes. Or nous sommes déjà à flux tendus pour accueillir sur deux semestres des internes en ambulatoire. Et là nous allons devoir rajouter deux semestres, donc doubler les capacités d'internes. C'est impossible à réaliser. On nous promet une amélioration de la formation théorique. Nous souhaiterions déjà qu'elle soit correcte sur trois ans, car on n'arrive déjà pas à assurer les cours qui sont obligatoires par manque d'enseignants et de PU.
Faut-il toujours s'opposer à la régulation médicale ?
Personne ne le demande dans le système de santé, sauf quelques hospitaliers. Il faut le noter, alors que 87 % du territoire national contient des déserts médicaux, aucune zone n'est en surdensité médicale. Selon le dernier rapport charges et produits de juillet 2022, c'est même la profession médicale la mieux répartie du territoire, mieux en tout cas que les kinés et les infirmiers qui ont pourtant des contraintes à l'installation. Nous ne nous sommes pas confrontés à un problème de répartition, mais à un problème purement numérique. Pourtant, le Parlement continue de déposer des amendements souhaitant contraindre cette liberté. En raison de ces amendements, la mobilisation sera orientée sur le Parlement, et en particulier sur le Sénat.
Quels sont vos espoirs de changements suite à votre manif ?
Les propositions de loi et les amendements coercitifs doivent être retirés. Nous espérons que les parlementaires comprennent que la régulation à l'installation est un danger pour l'accès aux soins et à la santé. Enfin, concernant la quatrième année, nous souhaitons son retrait, voire a minima l'ouverture d'une négociation sur l'ambulatoire et son application.
* Association nationale des étudiants en médecine de France.
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