À deux semaines de la clôture de la formulation des vœux sur la plateforme Parcoursup, les Académies nationales de médecine (ANM) et de pharmacie (ANP) tirent la sonnette d’alarme. « Depuis plusieurs années, il est à déplorer une baisse régulière du nombre de bachelier(e)s souhaitant s’orienter vers des études scientifiques, notamment les formations en santé et plus précisément la pharmacie », s’inquiètent-elles.
Le concours d'entrée très sélectif conduit au problème majeur du nombre de jeunes partant faire leurs études à l'étranger
Académie de médecine et Académie de pharmacie
Les changements de règles du jeu qui se sont accumulés ont changé la donne. « La mise en place de la réforme de l'entrée dans les études de santé [suppression de la PACES au profit de deux nouvelles filières PASS et L.AS], et celle, contemporaine, de l'enseignement scientifique au lycée ont aggravé la situation : plus de 1 100 places ont été vacantes en deuxième année de pharmacie en 2022 et 500 en 2023, accentuant la prévision de “déserts pharmaceutiques” dans la prochaine décennie », se désolent les deux institutions. Concernant particulièrement la médecine, « le “concours” d'entrée très sélectif conduit au problème majeur du nombre de jeunes partant faire leurs études à l'étranger », accuse la société savante.
Trop faible niveau des élèves en sciences
Pour les deux Académies, ce début de désaffection constaté pour les filières santé – jusque-là très prisées – s’explique également par le « constat de plus en plus flagrant » de lacunes de connaissances des bacheliers dans les matières scientifiques, notamment celles en lien avec la santé. Une situation due en partie à « l’appauvrissement systémique – depuis la réforme du collège en 2015 puis celle du lycée en 2019 – de l’enseignement des sciences de manière générale et des SVT en particulier dans ce qu’elles ont d’expérimental ». Avec un programme « aux antipodes » des besoins des filières santé et des enjeux d’accès aux soins, déplorent les deux Académies.
La réforme du baccalauréat de 2019 qui a fait disparaître les séries S aurait amplifié le phénomène. « Celles-ci constituaient le principal vivier des étudiants des filières médecine et pharmacie », écrivent les institutions. Désormais, les élèves en classe de première sont tenus de choisir trois spécialités de six heures parmi 12 matières au total. En terminale, ils n’en conservent que deux. « Pour certains jeunes sans information, ceci entraîne un désengagement pour les spécialités scientifiques car les combinaisons choisies apparaissent quelquefois peu logiques pour suivre les filières scientifiques de santé, ce dont les lycéens s'aperçoivent au moment de leur choix d'orientation dans l'enseignement supérieur », se scandalisent encore les Académies.
Dans ce contexte, l’Académie appelle les pouvoirs publics à mener une réflexion « approfondie et animée par les ministères concernés (Éducation nationale, Enseignement supérieur et Santé) pour revaloriser la place de l’enseignement des sciences, de la biologie humaine et de la santé au collège et au lycée, avec en particulier le renforcement des enseignements dirigés et des travaux pratiques ».
Il est par ailleurs « indispensable et urgent de mieux informer les jeunes, au moins dès la première, sur la diversité des métiers de la santé et leurs valeurs grâce au concours des professionnels de la santé, de la recherche et de l'orientation, afin d'expliquer les différents parcours possibles », plaident les académiciens.
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