Pour la troisième fois, l’association pour une information médicale indépendante (Formindep), publie cette semaine son classement des facs de médecine en matière d’indépendance vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique. Le tout premier en 2017 avait permis de montrer que la plupart des universités avaient une politique permissive vis-à-vis du financement des laboratoires pharmaceutiques. Suite à cette enquête, les facs de médecine s’étaient dotées d’une charte éthique contre les conflits d’intérêts. Le classement de 2018 et celui paru cette semaine ont donc pour objectif d’évaluer la mise en place de la charte dans les différentes universités.
Formindep précise que ce classement 2021, a pu être réalisé grâce aux informations remontées du terrain par l’association des étudiants en médecine, l’Anemf et le syndicat des internes de médecine générale, l’Isnar-IMG.
Lyon Est, seule au-dessus de la moyenne
Comme en 2018, les résultats montrent que le chemin est encore long vers l’indépendance des facultés de médecine. Sur les 36 facultés de médecine, seule celle de Lyon Est obtient un score au-dessus de la moyenne. Les scores sont calculés sur 34 points possibles répartis sur une vingtaine de critères. On retrouve par exemple : l’adoption et la diffusion de la charte, mais aussi les déclarations publiques d’intérêts des instances de gouvernance et des enseignants, la transparence des financements, les enseignements mis en place sur le sujet dans les différents cycles etc.
La faculté de médecine de Lyon Est obtient ainsi 18 points sur 34, avec notamment un « bonus » de deux points pour « l’opposition de la faculté à recevoir des financements des industriels ». Après Lyon Est, viennent 11 facultés qui ont reçu entre 10 et 14 points, « ce qui correspond globalement aux scores du classement 2018 », précise le Formindep.
En effet en deux ans, peu de choses ont changé, il y a même eu des reculs sur certains sujets. La diffusion de la charte auprès des enseignants et étudiants pour en promouvoir les valeurs est par exemple en baisse. Le Formindep note aussi un « recul de moitié des points par rapport à 2018 » sur les cours de 1er cycle sur les stratégies d’influence des firmes pharmaceutiques et de produits de santé et les conflits d’intérêts. Seuls Lyon Est, Montpellier, Reims, Rouen, Strasbourg, Bordeaux et Marseille obtiennent des points dans ce domaine.
Rien sur la transparence des financements ou les déclarations publiques d'intérêts
Pour 6 critères sur 17 l’absence de mesure est presque totale. Aucune faculté ne présente par exemple de déclaration publique d’intérêts de ses instances de gouvernance. Aucune n’a non plus rédigé de politique de sanction en cas de non-respect de la charte ou n’a mis en place une politique de transparence sur ses financements. À noter également qu’à part Montpellier et Poitiers, aucune université ne marque de points pour la mise en place d’enseignements (hors spécialité médecine générale) dédiés en troisième cycle.
Malgré tout, certaines avancées sont à noter. « La commission de déontologie a été créée dans la grande majorité des facultés, et un tiers a intégré le référent à l’intégrité scientifique et un représentant étudiant, comme prévu par la charte », souligne Formindep. Un référent à l’intégrité scientifique a d’ailleurs été désigné dans la majorité des facultés. Petit bémol, malgré leur mise en place, certaines commissions de déontologie n’ont jamais ou que très peu siégé, précise l’association. « Quand les commissions siègent, le sujet de la charte et de l’indépendance n’est le plus souvent pas abordé, voire rejeté, et les commissions traitent d’autres problèmes déontologiques ou éthiques », ajoute Formindep. Parmi les bonnes initiatives, l’association met aussi en avant celle de la faculté de Brest, qui a rédigé une charte pour les maîtres de stages universitaires de médecine générale, dans laquelle sont intégrées des mesures sur l’indépendance.
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