Le président de la République avait annoncé la couleur dans son grand discours de l’automne 2018 annonçant le plan « Ma santé 2022 » : d’ici la fin de son quinquennat, les CPTS doivent mailler l’ensemble du territoire français, l'objectif d'un millier de ces structures ayant été avancé. Sur le terrain, certains généralistes se sont lancés dans l’aventure, tandis que d’autres sont plus hésitants, ne voyant pas clairement ce que ce nouvel échelon de coordination pouvait leur apporter de bon. Et les premiers ont quelques messages à adresser aux seconds.
Rappelons tout d’abord ce que sont les CPTS. Organisées autour de bassins de populations de moins de 40 000 habitants pour les plus petites à plus de 250 000 pour les plus grandes, ces structures sont censées regrouper tous les professionnels de santé libéraux d’un territoire. Le but ? Leur permettre de se coordonner pour, par exemple, mieux assurer l’accès des patients à un médecin traitant, améliorer la prise en charge des soins non-programmés, définir des parcours de soin ou encore effectuer des actions de prévention. Les CPTS signent pour cela un contrat avec leur Agence régionale de santé (ARS), et reçoivent un financement de l’Assurance maladie.
Rompre l'isolement
Voilà qui peut paraître un peu abstrait. Et pourtant, cela peut se traduire de manière très concrète dans les faits. Telle est du moins l’opinion du Dr Claude Leicher, président de la Fédération des CPTS. « Une CPTS c’est la possibilité d’avoir des moyens supplémentaires ensemble pour faire ce qui est infaisable par un professionnel seul, par exemple organiser la relation ville-hôpital, des sorties préparées à l’avance, des entrées directes dans les services, des moyens de communication directe avec les interlocuteurs, du partage d’information… », estime l’ex-président de MG France. L’avantage, ajoute-t-il, c’est que les moyens en question permettent « d’embaucher du personnel qui prépare et organise ces outils pour nous ».
Autre point positif des CPTS relevé par les généralistes qui s’y sont engagés : ces dernières permettent de rompre l’isolement qu’implique trop souvent la pratique de la médecine libérale. « La CPTS relaie des informations sur l'offre de soins locale, sur les différents dispositifs médico sociaux et sociaux », avance ainsi le Dr Alice Perrain, généraliste et présidente de la CPTS Asclépios, autour d’Amboise en Indre-et-Loire. « Elle organise des formations en partant des besoins des professionnels. » Un point de vue que partage le Dr Sylvain Duriez, généraliste à Landas, dans le Nord, et président de la CPTS « Pévèle du Douaisis ». Celui-ci note notamment que la CPTS permet « d’échanger sur ses pratiques, de partager ses expériences, de confronter ses compétences avec celles d'autres professionnels de santé de premier et de second recours mais aussi avec des acteurs de santé du médico-social et du social. »
Sortir des sentiers battus
La CPTS est également selon le Nordiste une façon de développer de nouvelles activités. Il estime notamment qu’elle peut permettre au généraliste de « sortir de son cabinet afin d'organiser des actions de santé publique auprès de la population en agissant sur les déterminants de la santé et les facteurs de risque évitables ». Un point que soulève également Claude Leicher, qui estime que la CPTS donne au monde ambulatoire « la capacité de prendre en charge aussi des sujets de santé publique populationnelle : le dépistage, la prévention, l’éducation thérapeutique et à la santé ».
La CPTS est aussi une manière de faire entendre la voix des libéraux, ainsi que l’explique Alice Perrain. Celle-ci estime ainsi que la CPTS rend les soins ambulatoires « visibles, notamment dans les relations avec les établissements de santé et les institutions type ARS ». Bien sûr, il y aura des généralistes pour estimer que toutes ces activités font déjà partie intégrante du rôle des libéraux, et qu’il n’y a pas besoin de CPTS pour les assumer. Et Claude Leicher ne leur donne pas tout à fait tort. « La CPTS c’est une responsabilité populationnelle, que de toute façon nous assumons, mais sans en avoir ni les moyens ni les financements », estime-t-il. Alors tant qu’à faire, autant en être.
A. R.
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