Internat : comment fonctionnera le "matching" qui va remplacer les ECN ?

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Publié le 11/12/2019
Révisions

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

En septembre prochain, les étudiants de médecine qui rentreront en 4e année inaugureront un tout nouveau système. Voulue par le gouvernement dans le plan Ma Santé 2022, la réforme du 2e cycle prévoit notamment la disparition des très controversées épreuves classantes nationales (ECN).

D'après la note de cadrage rédigée par le Pr Marc Braun, doyen de la fac de médecine de Nancy et Yanis Merad ex-président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), un processus de « matching », viendrait décider à compter de la rentrée 2023 de la répartition des spécialités à la place des ECN. Il repose sur un algorithme permettant d’attribuer à chaque étudiant une spécialité et une subdivision. Trois dimensions seront prises en compte : la note obtenue dans l’épreuve nationale des connaissances théoriques, l’évaluation des compétences cliniques et relationnelles et le parcours de formation et d’expériences extra-universitaires.

Moins de connaissances attendues mais une note minimale

L’épreuve nationale qui remplacera les ECN aura lieu en début de 6e année, elle sera composée de QCM, questions à réponses ouvertes, analyses d’images ou tests de concordance de script. Les questions correspondront à des connaissances de complexité différente : rang A, B ou C. Les étudiants devront valider un taux minimal de questions de rang A, considérées comme des connaissances indispensables, a priori 80 %. « Pour les connaissances de rang B il n’y a pas de seuil mais elles seront pondérées pour chaque spécialité », explique Sébastien Villard, vice-président de l’Anemf, chargé des études médicales. La réussite des étudiants à ces questions de rang B déterminera donc en partie leur classement leur donnant accès à certains groupes de spécialités. Les connaissances de rang C, quant à elles ne seront pas évaluées et prises en compte pour le deuxième cycle.

L’objectif de ce nouvel examen national est notamment d’en finir avec le bachotage bête et méchant et de réduire le programme à l’essentiel. « Le programme a été réduit pour coller réellement à des objectifs de 2e cycle, pour que les étudiants apprennent des choses qui leur soient utiles peu importe la spécialité choisie, souligne Sébastien Villard. Les connaissances de rang C correspondaient à de la surspécialisation », ajoute-t-il. De nouveaux items, pour l’instant absent du programme des étudiants de 2e cycle devraient en revanche être ajoutés au programme. Ils sont encore à déterminer mais ils devraient se situer principalement dans le domaine des sciences humaines et sociales en santé. Cette épreuve théorique devrait compter pour moitié de la note finale de l’étudiant.

Vœux et algorithme 

Pour les compétences cliniques et relationnelles, les étudiants passeront des ECOS (examens cliniques objectifs et structurés) en fin de 6e année. « On présente à l’étudiant la situation clinique d’un patient et un objectif, par exemple : réaliser un interrogatoire. Et dans la salle, l’étudiant se retrouve face à un patient standardisé et un évaluateur observe et note l’étudiant à partir d’une grille standardisée », explique Sébastien Villard. Comme pour l’épreuve nationale, un score minimal pourrait être exigé mais rien n’a encore été fixé, tout comme le nombre de situations, leur temps, et d’autres considérations logistiques. Cette partie composera 40 % de la note finale.

Les 10 % restant seront fonction du parcours de l’étudiant. L’engagement étudiant, les lieux de recherche, l’expérience professionnelle etc pourront permettre d’obtenir un certain nombre de points. Mais afin de ne pas tomber dans une « course à l’expérience », ou un processus discriminant, « le plafond maximum de points sera assez bas pour que tout le monde puisse l’atteindre assez facilement », précise Sébastien Villard.

C’est à partir du total de ces trois scores que sera réalisé le processus de matching. Les étudiants auront accès au classement par groupe de spécialités et réaliseront des vœux de spécialités et de villes. Pour la procédure d’affectation, un algorithme confrontera les vœux à leur classement et leur attribuera une spécialité et une ville.  


Source : lequotidiendumedecin.fr