[Bilan 2023] Internat de médecine générale : la quatrième année dans la douleur

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Publié le 15/12/2023
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En dépit de la mobilisation étudiante, l'allongement du DES de médecine générale entre en vigueur, avec son lot d'incertitudes.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Introduite par la réforme du troisième cycle (R3C), la quatrième année de médecine générale était bloquée dans les tuyaux depuis 2017. Remise sur le devant de la scène lors de la campagne présidentielle 2022, cette réforme de la formation initiale figurait parmi les promesses de campagne d'Emmanuel Macron – ce dernier voyant dans cette dixième année d'études des généralistes… un renfort précieux pour les zones rurales et fragiles.

Du discours aux actes : la quatrième année (ou 4A) surgit dans le projet de loi de financement de la Sécu 2023, un texte budgétaire. Malgré la colère des étudiants inquiets d'une application à la hussarde et avec des contraintes, la réforme est adoptée. L'allongement du DES de médecine générale est acté pour application dès la rentrée universitaire 2023. Face au tollé des juniors, les ministres missionnent quatre personnes qualifiées pour assurer une mise en œuvre « qualitative » de cette phase de consolidation. Leur rapport propose une vingtaine de recommandations.

Mais malgré l'urgence de statuer sur les modalités de cette année supplémentaire d'internat, les arbitrages du ministère se font attendre et tombent mi-juin, une semaine avant les épreuves classantes nationales (ECNi). Le modèle de rémunération retient une part fixe et une part variable – avec une rétrocession de 20 % des honoraires réalisés par l'interne et une prime en cas de stage en zone sous-dense. Au total, « ils pourront gagner jusqu'à 4 500 nets », s'enthousiasme déjà François Braun.

La nouvelle maquette du DES de médecine gé. est publiée à l'été. Le futur docteur junior pourra participer à la permanence des soins lorsque son MSU et/ou le médecin thésé en charge de sa supervision y participent également. Surtout, les internes seront « incités » (et non pas forcés) à réaliser ces semestres dans les zones fragiles. La maquette précise les connaissances et compétences à acquérir ainsi que les lieux de stage retenus. Mais de nombreux points restaient en suspens dont les modalités de rémunération et la convention type de stage, laissant les jeunes dans le flou. Jusqu'au bout, l'accouchement de la controversée « 4A » aura été difficile.  

Aude Frapin

Source : Le Quotidien du médecin