« J'ai écouté mon cœur » : classée 78e aux ECNi, Apolline Esseau a choisi médecine générale

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Publié le 31/08/2023

Apolline Esseau, 24 ans, s’est hissée en juin dernier à la 78e place des dernières épreuves classantes nationales informatisées (ECNi). Après quelques semaines d’hésitation, son cœur a penché pour la médecine générale à Angers – c'est la toute première interne du classement à faire ce choix. Elle s'en explique au « Quotidien ».

LE QUOTIDIEN : Pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ?

APOLLINE ESSEAU : J’ai 24 ans, je suis originaire d’Angers. Après avoir passé mon bac au lycée David d’Angers, j’ai suivi mon premier et mon second cycle de médecine à la faculté de cette même ville. 

Classée dans le top 100 aux ECNi, vous aviez l’embarras du choix parmi toutes les spécialités. Pourquoi la médecine générale ?

Avant de passer les ECNi, mon cœur balançait surtout entre deux spécialités : en premier la médecine générale puis la néphrologie. J’avais également en tête l’hépatogastroentérologie ainsi que la pédiatrie. Ce sont les quatre spécialités qui étaient dans la balance. Mais pour être tout à fait honnête, avant de découvrir mon classement, je pensais que le destin parlerait à ma place et que je n’allais pas être obligée de choisir ! En fait, je n’imaginais vraiment pas être aussi bien classée (78e sur plus de 9 000 néo-internes, ndlr) ! Quand j’ai vu mon classement, je me suis dit « ok bon, là tu vas devoir choisir ! » (rires).

Comment avez-vous tranché ?

J’ai beaucoup réfléchi et je me suis dit que la meilleure des solutions était de refaire un stage en médecine générale pour voir si la pratique me plaisait vraiment. J’avais déjà fait un premier stage en médecine générale pendant l’externat, en quatrième année, qui m’avait beaucoup plu. Mais cela me semblait assez loin.

Comme nous avions un stage libre d’un mois à faire cet été, j’ai décidé de recontacter mon ancien maître de stage qui a accepté de m'accueillir. Un autre praticien a également accepté ma demande. Pendant quatre semaines, j’ai donc suivi le quotidien de deux généralistes. J’étais la première partie de la semaine chez l’un et la deuxième partie chez l’autre. Et très vite, le stage a confirmé mon envie de devenir médecin traitant. J’étais tout simplement heureuse à l’idée d’aller en stage le matin, de voir les patients… J’ai aussi eu l’occasion de faire part de mes interrogations avec mes maîtres de stage ainsi qu'à des internes de médecine générale. Cela m’a beaucoup aidée à prendre ma décision. J’ai fait abstraction des quelques remarques sur le fait qu’il est dommage de choisir médecine générale avec un si bon classement et je me suis écoutée !

Qu’est ce qui vous plaît dans la pratique  ?

Je dirais que c’est le fait de ne pas se limiter à un organe. Lors de mes stages de spécialités, j’avais parfois l’impression d’être un peu bloquée voire frustrée de devoir m’intéresser à un seul et unique organe. En médecine générale, on a vraiment cette approche très globale du patient. C’est ce qui me plaît vraiment. Les praticiens chez qui j’étais en stage connaissent aussi très bien la vie de leurs patients, leurs problèmes de santé. De manière générale, la relation médecin traitant/patient est privilégiée par rapport aux spécialistes. 

L’ajout d’une quatrième année au DES de médecine générale a-t-elle influencé votre choix ?

Comme beaucoup d’étudiants, cette quatrième année m’a fait beaucoup douter et hésiter. Avant l’annonce, le fait qu’il y ait un an de moins d’études constituait pour moi un argument supplémentaire en faveur de cette spécialité. Concrètement, ça voulait dire commencer à travailler plus tôt et c'est un vrai plus. Le flou autour des modalités de cette quatrième année a aussi été un frein. Ce n’est vraiment pas évident de faire un choix sans savoir ce qui est prévu. Le fait que le tarif des consultations des médecins généralistes soit inférieur à celles des spécialistes m’a aussi questionnée. Malgré tout ça, j’ai suivi mon instinct, j'ai écouté mon cœur et j’ai fini par choisir médecine générale.

Vous avez été au sein du bureau de l’association Tutorat Pluripass en 2e et 3e année. Quelles étaient vos missions ?

Pendant deux ans, je me suis occupée de la cellule orientation au sein de cette association. J’étais chargée d’accompagner les étudiants qui souhaitaient se réorienter après un échec au concours d’entrée en deuxième année de médecine. Mon travail a aussi été d’aller à la rencontre des élèves dans les lycées du Maine-et-Loire, de la Mayenne et de la Sarthe, dans les forums également, pour présenter la réforme de la première année d’étude de santé.

La période a été très intense car l’enjeu était d’expliquer au mieux aux étudiants cette nouvelle formule afin qu’ils puissent choisir en connaissance de cause. Nous avons pu proposer des stages d’une semaine à certains lycéens afin de les préparer au mieux à la première année d’études de médecine. Pendant mes deux années associatives, je me suis battue pour proposer un tutorat de qualité aux étudiants en première année.

Comptez-vous reprendre l’associatif ?

Mes deux années d’associatif ont été très enrichissantes, j’ai beaucoup appris. Mais pour le moment, je ne suis pas sûre de me réengager quand je serai interne. J’aviserai en fonction des occasions qui se présenteront. Entre les stages et les cours, je ne sais pas si j’aurai autant de temps à consacrer comme j'ai pu le faire à l'époque. 

Où vous voyez-vous exercer après vos études ?

Pour l’instant, je ne sais pas du tout. Je ne me dis pas : "Je veux absolument exercer en ville" ou au contraire "absolument à la campagne". Je me laisse le temps de choisir. Tout dépendra de mes stages. Rien n'est encore fixé. Je pense qu’il y aura sûrement une période de remplacements pendant quelques années et que mon installation dépendra surtout des rencontres et des opportunités.

Qu’avez-vous prévu d’ici à la rentrée ?

Je finis mon stage à la fin de la semaine et j’ai ensuite deux mois de vacances avant de commencer l’internat début novembre. Ma priorité va être de trouver un appartement, chose assez compliquée à Angers, ainsi qu’une voiture pour mes futurs déplacements quand je serai en stage. En fonction du temps qu’il me reste, je partirai peut-être un peu en vacances !


Source : lequotidiendumedecin.fr