C'est une lettre ouverte des médecins salariés (non hospitaliers) au ministre de la Santé en forme de plaidoyer pro domo. L'Union confédérale des médecins salariés de France (UCMSF) – qui réunit les médecins de centres de santé (USMCS), scolaires (Snamspen, Sgen-CFDT), de PMI (SNMPMI) ou inspecteurs de santé publique (SMISP) – regrette vivement que la future quatrième année d'internat en médecine générale, soit une année de consolidation professionnalisante « en milieu ambulatoire » et selon un exercice libéral, privant de facto les structures de médecine salariée de ce précieux vivier de milliers de docteurs juniors.
De fait, le rapport sur la quatrième année d'internat de médecine générale, remis le 12 juin à François Braun, et les premières annonces du ministre dans la foulée vont clairement dans le sens d'une année supplémentaire en libéral, sauf exception. « Cette quatrième année se composera de deux stages supplémentaires de six mois, en ambulatoire, dans un cabinet médical, sous l'autorité d'un praticien maître de stage universitaire », a annoncé François Braun. Sauf cas particulier, les deux stages seront effectués dans le même cabinet, ajouté le ministre.
Regrettable
Mais pour les médecins salariés, cette voie unique de fin de formation est regrettable. « Ce choix d’une année dédiée au seul modèle d'exercice de la médecine libérale se traduit par une rémunération des futurs internes fondée en partie sur un intéressement à l'acte (20-30 %), déplore l'UCMSF. Il écarte les modes d’exercice salariés de la médecine générale qui portent la santé publique et des missions de prévention et d’accès aux soins pour tous, et notamment les plus vulnérables. »
Selon les représentants des praticiens salariés, le choix du seul mode d’exercice libéral pour ces internes MG de 4e année privera les départements de médecine générale de ressources notables en matière de lieux de stages variés que représentent « les centres de santé, les services de PMI, de santé scolaire, les centres de santé sexuelle, les centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic. » Or, un nombre croissant de juniors manifestent justement leur appétence pour cet exercice salarié, ce qui serait une bonne façon de les y familiariser. Mais le gouvernement a précisément fait le choix d'une fin d'internat en libéral pour inciter aux installations, notamment en milieu rural.
4 500 euros par mois, c'est trop ?
Un autre élément – et non des moindres – fait tiquer le secteur de la médecine salariée, à savoir la rémunération jugée élevée de ces internes de dernière année. Le ministre de la Santé François Braun a évoqué explicitement une rémunération globale pouvant aller « jusqu’à 4 500 euros/mois », combinant les émoluments de docteur junior, la rétrocession d'honoraires de 20 % (paiement à l'acte), l'indemnisation des gardes (les internes devront participer à la PDS), voire une indemnité supplémentaire en zone sous-dotée. « Comment expliquer cette rémunération très supérieure à celle des autres internes en spécialité de 4e année ? s'étrangle l'UCMCS. Et comment la justifier aussi au regard de la grille salariale des médecins salariés non hospitaliers du secteur public qui débutent leur carrière à l’Éducation nationale ou dans les collectivités locales avec un salaire de 2 500 à 3 000 euros par mois ? »
Dans ce contexte, l'union syndicale réitère sa demande de création d’un « statut commun de médecins salariés non hospitaliers » pour rétablir l’attractivité du secteur dans le domaine de la santé publique, des soins préventifs, d'inspection ou de contrôle et de la médecine sociale. Et elle souhaite que les internes de quatrième année conservent un libre choix d'exercice pour ces stages, avec une équité de rémunération.
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