Les maîtres de stage s'insurgent du « retard inacceptable » de leur rémunération

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Publié le 20/08/2018
Porte monnaie

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Crédit photo : TONY MCCONNELL/SPL/PHANIE

À quelques semaines de la rentrée universitaire, la colère grimpe chez les maîtres de stage des universités. Le Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG) soutenu par les internes de la spécialité (ISNAR-IMG) dénonce de « graves dysfonctionnements » dans « la plupart des facultés de médecine » françaises où les maîtres de stage subissent des « retards importants et inacceptables » de leur rémunération.

« Dans plusieurs facultés, la rémunération est reportée sine die, parfois sans informer les MSU », s'insurge le Dr Anas Taha, président du SNEMG. Le problème est latent depuis plusieurs années et s'est accentué ces dernières semaines. « La situation est difficile dans la moitié des UFR, poursuit le généraliste enseignant. Rien qu'en août, 5 collèges nous ont remonté des difficultés de rémunération. » La situation serait difficile à Poitiers ou à Aix-Marseille. 

Comment en est-on arrivé là ? « L'argent que perçoivent les maîtres de stage (600 euros par mois pour l'accueil d'un interne, 300 euros pour un externe, à se répartir entre les MSU) provient de l'enveloppe MERRI débloquée par les ARS aux CHU », explique le Dr Taha. Or aucun délai de paiement ni aucune procédure harmonisée de règlement ne sont imposés aux universités. « Les MSU sont confrontés au bon vouloir des services administratifs », précise le SNEMG, qui réclame, avec les internes de l'ISNAR-IMG, un « cadre plus sécurisé pour les MSU » avec un délai de paiement imposé aux facultés. 

Peur du désengagement

Il y a quelques semaines, le SNEMG avait déjà alerté d'un possible retard et d'une baisse de la rémunération des 9 440 maîtres de stage. 

Soucieux de la situation, les internes souhaitent une sortie de crise rapide. « Nous sommes inquiets pour la qualité de notre formation, confie Maxence Pithon, président de l'ISNAR-IMG. Les stages en cabinet sont un facteur favorisant les installations. Nous ne voulons pas que pour des raisons administratives absurdes, nous risquions de perdre des maîtres de stage et de ne pas en voir arriver de nouveaux. »

L'enjeu est de taille puisque la réforme du 3e cycle prévoit que tous les internes devront réaliser au moins un stage ambulatoire en soins primaires en autonomie supervisée (SASPAS) chez un maître de stage pendant leur cursus. Or, les effectifs de MSU ne permettent pas dans toutes les subdivisions à tous les internes de réaliser ce stage en 5e ou 6e année.

Les maîtres de stage ne comptent pas en rester là et envisagent déjà des actions à la rentrée pour obtenir la rémunération qui leur est due et davantage de reconnaissance. Les discussions avec le ministère de la Santé n'ont pour l'heure pas permis d'avancée. « Je suis inquiet, les autorités n'ont pas pris la pleine mesure du problème », conclut le Dr Taha.


Source : lequotidiendumedecin.fr