Étudiants en situation de handicap : l’Anemf inflige un carton rouge aux filières santé

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Publié le 07/03/2024

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Les étudiants en situation de handicap font toujours face à des obstacles majeurs, tant sur le plan académique que social, déplore l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) dans une nouvelle enquête*. Ces étudiants représentent 2,2 % de l’ensemble des inscrits dans l’enseignement supérieur public. En 2021, les filières santé et paramédicale en recensaient 3 755. L’Anemf a interrogé 582 étudiants en situation de handicap, soit 15,8 % de l’ensemble de cette population.

Ces jeunes témoignent à la fois de leurs grandes difficultés d'accès aux aménagements nécessaires en stage et lors des évaluations et de la méconnaissance des procédures de demande d'aménagements. Ils subissent parfois également des discriminations qui peuvent entraver leur réussite et leur bien-être.

Forte anxiété

Avant même d’entamer leur cursus dans l’enseignement supérieur, les étudiants en situation de handicap expriment une forte anxiété quant à leur intégration dans les filières santé. Avant la première année, 63,2 % des répondants craignent que leur handicap ait un impact négatif sur leur réussite scolaire. Un des freins à l’orientation réside aussi dans la représentation que se font les futurs étudiants de leur nouvel environnement scolaire. Un tiers d’entre eux ne pensaient pas possible d’avoir des adaptations dans le cadre de leurs études en santé. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que 45,7 % des étudiants indiquent que leur handicap a influencé leur choix de formation ou de spécialité, regrette l’Anemf.

À l’entrée dans l’enseignement supérieur, l’adaptation à la vie universitaire pour ces étudiants est également complexifiée par le manque de visibilité des dispositifs d’aide qui pourtant existent mais sont inconnus de la plupart d’entre eux. 44,5 % des sondés estiment que les “référents” handicap ne sont pas clairement identifiés dans les facs ; 37,6 % estiment même que ces derniers sont inaccessibles. L’un d’entre eux témoigne : dans son cursus, il n’y avait qu’un seul référent handicap pour 700 étudiants.

Les stages posent aussi problème, même si des aménagements existent pour adapter l'environnement aux besoins spécifiques de chaque étudiant. Un tiers des sondés (32,9 %) en ont bénéficié. Non seulement c’est trop peu, mais, pointe l’Anemf, « les étudiants et étudiantes révèlent que la mise en place de leurs aménagements de stage n’est pas toujours honorée et est parfois refusée ». Ce qui est contraire au principe d’égalité des chances.

De la discrimination, ici comme ailleurs

Les étudiants en situation de handicap engagés dans des filières santé ne sont pas épargnés par des faits de discrimination. Et près de huit sur dix (78,6 %) qui en ont été victimes n’ont émis aucun signalement. Pire : 85,6 % des étudiants victimes qui se sont fait connaître auprès des autorités compétentes n’ont pas vu de réels changements à la suite de leur déposition. Un dernier pourcentage est significatif : 81,8 % des étudiants estiment ne pas connaître les procédures de signalement.

Fortes de ce constat, l’Anemf et les autres fédérations étudiantes dressent une liste rigoureuse de réclamations aux pouvoirs publics. Ils militent pour la simplification des procédures de demande d'aménagements pour les épreuves et les stages ; la mise en place d'un cadrage national proposant des aménagements standardisés adaptés à la diversité des handicaps ; un meilleur financement et une identification claire des référents handicap au sein des établissements ; enfin, la promotion d'une politique de tolérance zéro face aux discriminations.

En 2022, le handicap était pour la sixième année consécutive le premier motif de discrimination en France avec 20 % des saisines du Défenseur des Droits.

* Enquête du 6 novembre 2023 au 3 février 2024, en collaboration avec huit autres fédérations médicales et paramédicales (Anep, Anepf, Anesf, Fnek, Fneo, Fnesi, Unaee, Unecd) et le mouvement national 100 % Handinamique.


Source : lequotidiendumedecin.fr