Alors que le Sénat a voté le 7 novembre en faveur d'une réduction du périmètre de l'aide médicale d'État (AME), remplacée par une aide médicale d’urgence (AMU), les jeunes médecins et doyens s'opposent, à leur tour, à cette évolution.
« Maintenir cette aide, c'est donner les moyens aux professionnels de santé de poursuivre leur devoir déontologique : prendre soin de tous, sans distinction », affirme dans un communiqué diffusé ce mardi le syndicat des jeunes médecins généralistes installés et remplaçants (Reagjir).
Raphaël Dachicourt, à la tête du syndicat; évoque aussi un « enjeu de santé publique ». « On parle souvent de la question des maladies infectieuses mais il n'y a pas que ça. Prenons l'exemple d'une personne diabétique qui réside en France. Si cette personne a besoin d'être soignée, il nous paraît complètement aberrant d'attendre qu'elle rencontre une complication de sa pathologie pour se rendre à l'hôpital et pour être pris en charge, ça n'a aucun sens ! La logique en médecine de ville est justement d'assurer un suivi au long cours afin de préserver la santé des personnes », juge le médecin généraliste qui n'estime pas « entendable » de faire de l'AME une source d'économie. « L'Assurance-maladie doit remplir son rôle pour tous », recadre-t-il.
Plus grand recours aux urgences
Autre levée de boucliers du côté des doyens, cette fois-ci, qui rappellent que la suppression de l'AME serait « contraire aux engagements éthiques et aux principes fondateurs de la médecine que nous enseignons aux futurs médecins et contraire au serment d’Hippocrate qu’ils prononcent ».
Évoquant également le risque sanitaire, les doyens jugent que cette évolution est de nature à dégrader l'état de santé de certaines populations sur le territoire national avec en ligne de mire une détérioration très probable des indicateurs de santé publique.
« Si cette mesure était appliquée, ajoutent-ils, elle aurait comme conséquences inéluctables un plus grand recours aux services des urgences déjà débordés, un plus grand nombre d’hospitalisations dans les hôpitaux publics, y compris dans des secteurs comme les réanimations ou la pédiatrie, déjà en difficultés, et entraînerait un surcoût économique aggravant le déficit budgétaire des hôpitaux publics. »
Alors que le texte doit être débattu à l'Assemblée nationale à partir du 11 décembre, la conférence des Doyens et le syndicat Reagjir appellent les députés à maintenir cette aide sociale. Récemment les syndicats d'internes en médecine (Isni et Isnar-IMG) ainsi que les externes de l'Anemf se sont publiquement opposés à la suppression de l'AME et à la mise en place de nouvelles restrictions à son accès.
Début novembre, 3 000 soignants rappelaient dans une tribune publiée dans Le Monde la nécessité de maintenir ce dispositif. Dix jours après, 3 500 médecins hospitaliers et libéraux lançaient à leur tour un appel à la « désobéissance » si l'AME venait à disparaître.
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