Exercice

62 % des femmes médecins confrontées à des comportements familiers

Par
Publié le 02/11/2021
D'après une enquête de Medscape, le vécu professionnel des femmes et hommes médecins varie encore. Le genre influence notamment la relation avec les patients, la trajectoire professionnelle et l'équilibre avec la vie personnelle. 

Crédit photo : GARO/PHANIE

La profession médicale est aujourd’hui à majorité féminine. Et être une femme médecin entraîne encore des différences, souvent subies, par rapport à la pratique et à la carrière de leurs homologues masculins.

D’après la dernière enquête de Medscape*, la première différence se joue dans le regard des patients. Ainsi, les femmes sont plus nombreuses à devoir composer avec des comportements familiers des patients qui les tutoient, les appellent par leurs prénoms, etc. (62 %) que leurs confrères masculins (51 %). C’est particulièrement vrai pour les jeunes médecins entre 25 et 29 ans (23 % vs 3 %).

Plus de deux tiers des praticiennes ont aussi déjà été confondues avec une auxiliaire médicale alors que ce n’est le cas que pour 19 % des hommes. Elles sont aussi un peu plus nombreuses (55 % vs 44 %) à s’être déjà senties en insécurité avec certains patients.

Au-delà de la relation avec les patients, l’étude montre également que le genre a une influence sur la carrière des médecins. La majorité des femmes médecins (61 %), estime ainsi devoir modifier leur personnalité ou leur comportement pour être prise davantage au sérieux dans leur milieu de travail.

Ainsi, une généraliste de 50 ans admet : « pour réussir, j’ai dû adopter les codes masculins et surtout ne jamais montrer ma vulnérabilité en tant que femme. C’est désolant, mais cela perdure encore en 2021 pour mes jeunes collègues ».

Une féminisation à connotation négative

Par ailleurs, les témoignages de l’enquête montrent que la féminisation de la profession est souvent perçue négativement. « La place des femmes est considérée comme la paupérisation d'une profession », explique une pédiatre de 40 ans. Une autre confirme : « la féminisation de la médecine n'a pas fait disparaître le sexisme, bien au contraire. Elle est le signe du déclin d'une profession, c’est une réflexion fréquente ».

Et effectivement certains de leurs homologues masculins ne voient pas d’un bon œil l’arrivée en nombre de leurs collègues féminines. Un généraliste de 62 ans considère que « les femmes ont tué la médecine ». « La féminisation de la profession est responsable d'une diminution du temps de travail des médecins, augmentant de fait le manque de médecin », ajoute son collègue généraliste de 60 ans.

La parentalité, un impact surtout pour les femmes

L’enquête réalise également un focus sur la parentalité et l’influence qu’elle peut avoir sur la carrière des médecins hommes et femmes. Si 40 % des femmes médecins expliquent qu’être médecin a influencé leur choix d’avoir ou non des enfants, ce n’est le cas que pour 16 % des hommes.

Dans les témoignages, plusieurs mettent en avant la difficulté à concilier leur carrière médicale avec la parentalité. Une généraliste de 52 ans explique ainsi, qu’elle n’a pas pu « avoir un 3e enfant car dans le cabinet de groupe dans lequel j'exerçais, je n'ai pu obtenir de soutien pour alléger mon planning de la part de mes deux collègues masculins ». Une autre de 46 ans ajoute : « la durée des études a retardé l’âge de ma première grossesse et j’aurai souhaité avoir quatre enfants, mais des enfants en bas âge sont difficilement compatibles avec une carrière médicale ».

Du côté du congé parental, il est encore largement assumé par les femmes médecins. Mais si l’obligation du congé paternité est très récente, les hommes médecins ne semblent pas tous prêts à s’y mettre. « Je ne m'en sens pas capable » indique un généraliste de 35 ans, « car j'ai trop besoin de mon activité professionnelle pour mon équilibre psychique ». Un autre généraliste estime qu’« on ne peut laisser tomber les patients ».

*Sondage en ligne entre le 20 avril et le 15 août 2021, auprès de 1 006 médecins dont 23 % de généralistes.


Source : lequotidiendumedecin.fr