Paiement à la performance

La ROSP a conquis tous vos syndicats… ou presque !

Publié le 19/04/2013
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Après la publication des résultats du nouveau dispositif de rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), vos syndicats se disent globalement satisfaits mais pensent déjà au futur... Parmi les pistes envisagées par vos représentants : donner du corps scientifique au dispositif, valoriser l’exercice de groupe, renforcer la prévention primaire...

L’heure de la moisson a finalement sonné (lire notre entretien avec Frédéric Van Roekeghem). Et pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. « En 2011, personne n’aurait misé un kopeck sur cette affaire » se souvient Michel Chassang de la CSMF « Aujourd’hui les résultats parlent d’eux-mêmes ». Les généralistes qui ont adhéré au ROSP ont en effet obtenu, en moyenne, une prime d’environ 5 000 euros ! « Une somme pas négligeable en période de crise quand il est difficile de négocier des augmentations de la valeur de l’acte » souligne Michel Combier (Unof). Comme les autres, le président de MG France Claude Leicher se dit « plutôt satisfait ». Et même les spécialistes de l’Umespe se félicitent « du succès de la ROSP des médecins traitants », tout en appelant à la généralisation « par étapes » du dispositif aux autres spécialités…

Encore une fois, la FMF fait cavalier seul en affichant son pessimisme. « On a fait rentrer les médecins dans la nasse » râle Jean-Paul Hamon qui n’a pas adhéré au dispositif en raison du « conflit d’intérêts » qui s’établirait, d’après lui, entre médecin et patient. Le généraliste de Clamart n’hésite pas à accuser les DAM d’avoir aidé les médecins à remplir les items déclaratifs « pour qu’ils touchent un peu de ronds et se mettent dans le jeu ».

Claude Bronner d’Union Généraliste renchérit en pointant du doigt certains dysfonctionnements du dispositif qui ont empêché plusieurs généralistes, notamment du Languedoc-Roussillon qui utilisent, comme lui, le logiciel Hypermed, de toucher la prime pour l’organisation du cabinet. Furieux, il ne mâche pas ses mots et menace la Sécu de représailles : « On me sanctionne ? Je les sanctionnerai à mon tour en prescrivant plus ! C’est encore moi qui tiens le stylo... » Sur le fond, les deux leaders de la FMF estiment que de toute façon le compte n’y est pas. « En tant que médecin référent je gagnais 45 euros par patient, avec le P4P, en supposant que je réussisse tous les objectifs, je toucherais à peine 11 euros ! » estime Claude Bronner. « J’aurais préféré un forfait, en échange de la continuité des soins et de la coordination comme pour le médecin référent » affirme Jean-Paul Hamon.

Pour un P4P réactualisé

Au-delà du bilan, vos représentants ont déjà commencé à imaginer un P4P réactualisé pour l’année prochaine. Si les critères actuels « sont dans le cadre », affirme Roger Rua, le dispositif reste toutefois « perfectible ». Le président du SML voudrait en effet que le ROSP de deuxième génération mette l’accent sur « la prévention primaire » avec, par exemple, un item nutrition. Il a également réfléchi à un nouvel objectif « traitements antidouleur et anti-inflammatoires ». Enfin, d’après lui, « il faut aller plus loin sur le volet de synthèse ».

Michel Chassang réfléchit déjà, quant à lui, à « enrichir » le ROSP d’un indicateur « pour rembourser les frais de structure » de façon à favoriser les regroupements de médecins. Il ajoute que le suivi des hypnotiques et tranquillisants devrait, selon le patron de la Conf’« tenir compte du contexte social ». Quant à Michel Combier, il se projette plutôt à court terme en rêvant déjà à l’été avec ses « revalos de juillet ». Cela dit, il ne dirait pas non à une nouvelle « rémunération pour le secrétariat », dans le volet organisation du cabinet. « En tout cas, la direction prise est la bonne », insiste-t-il.

Au sein de MG France, les suggestions foisonnent. À commencer par le volet scientifique, qu’on voudrait conforter avec « une implication plus directe du Collège de médecine générale, aux côtés de la HAS ». Claude Leicher voudrait aussi qu’on « aide les médecins à produire leurs propres données » ; qu’on introduise une variable « lieu d’exercice et inégalités sociales » et qu’on prenne en compte le problème des jeunes installés : « le nombre de patients ne doit pas être une entrave à la rémunération » dit-il. Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs : le taux d’atteinte des objectifs s’élève, cette année, à 50 %. Il reste encore « une marge » d’amélioration aussi du côté des médecins, s’accordent les syndicats.

Giulia Gandolfi, giulia.gandolfi@legeneraliste.fr

Source : lequotidiendumedecin.fr