Les nouvelles majorations d'urgence sont entrées en vigueur le 1er janvier mais elles suscitent déjà des interrogations. Dans une lettre adressée au directeur général de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) Nicolas Revel, la Fédération des médecins de France (FMF) demande à « rediscuter l'interprétation de la convention pour aboutir à des conseils d'utilisation partagés plutôt que de laisser s'installer une situation de conflit ». En cause notamment, un flou concernant les cas dans lesquels le médecin traitant peut appliquer la majoration MUT (+ 5 euros), lorsqu'il adresse un patient à un médecin correspondant pour une prise en charge en urgence dans les 48 heures.
Pour le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, le texte n'est pas assez clair sur la possibilité de coter MUT en visite : « Pour nous, cela doit s'appliquer pour les consultations à domicile mais je me doute bien que certaines caisses vont faire une interprétation différente du texte », estime-t-il. Dans la convention, ceci n'est en effet pas précisé. « Les partenaires conventionnels (...) souhaitent valoriser l’orientation sans délai effectuée par le médecin traitant vers un médecin de second recours. Cette prise en charge coordonnée doit intervenir dans les 48 heures suivant l’adressage par le médecin traitant », stipule la convention.
Des majorations encore peu assimilées
La majoration MUT est encore loin d'être un réflexe pour le médecin traitant si on en croit les témoignages. D'après une enquête effectuée sur legeneraliste.fr auprès d'une centaine de praticiens, 73 % jugent que ces nouvelles majorations « ne sont pas réellement applicables ». À ce sujet le Dr Pierre B. s'exclame : « Déjà il faut trouver un confrère désireux de m'écouter ! »
« Cinq euros pour passer 30 minutes d'une journée de 12 heures à essayer de trouver un correspondant spécialiste rare et indisponible, non merci », ajoute le Dr Jean-Michel R. D'autres médecins dénoncent la difficulté de s'y retrouver parmi les nombreuses cotations qui existent : « Les médecins ne vont pas se casser la tête à rechercher la bonne clef et se contenteront de coter une simple consultation », prévient le Dr Christian M.
Même le président Hamon, généraliste à Clamart avoue qu'il « ne pense pas toujours à coter la MUT ni les nouvelles consultations complexes. Ce n'est pas encore un automatisme », constate-t-il.
Les radiologues exclus de la MCU
Le président de la FMF compte également rediscuter avec la caisse les modalités d'application de la MCU (+ 15 euros), réservée cette fois au spécialiste qui reçoit le patient adressé par le médecin traitant dans les 48 heures. Si dans le texte, seuls les psychiatres en sont exclus, il déplore qu'en pratique, les radiologues et les biologistes « ne puissent pas l'appliquer en plus d'un acte technique ».
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