Dans un entretien au journal Le Monde, le ministre de la Santé dit son hostilité à la contrainte à l’installation et croit davantage aux résultats du dialogue de terrain qu’à la « cathédrale législative ». Quelle est votre réaction ?
Dr Agnès Giannotti : Je vois qu’avec le ministre, nous partageons le même constat. La loi n’est pas faite pour tout. Vouloir y graver des choses en essayant de tordre le bras à d’autres instances et espaces de négociations, comme celui des négociations conventionnelles, n’est pas une solution acceptable. Je n’y suis pas favorable, parce que c’est trop rigide et très souvent hors sol. D’autant que les mesures de coercition ne marcheront pas. Ce qui nous intéresse, à MG France, c’est de faire des choses qui ont un impact favorable pour l’exercice des généralistes et les soins à la population. Cette prise de position d’Aurélien Rousseau va permettre de faciliter les échanges. Nous pourrons partir, à la rentrée, sur des choses que l’on partage.
Comptez-vous toujours rejoindre le mouvement de grève intersyndicale des médecins du 13 octobre ?
Dr A.G. : MG France a clairement dit que si les choses n’avaient pas évolué d’ici cette date, nous rejoindrions l’intersyndicale, et ce, même pour un mouvement dur. Mais j’espère que d’ici là, les choses auront bougé. Mais moi, ce n’est pas une date de reprise des négociations que j’attends véritablement. J’ai toujours dit, et je n’ai pas changé de formulation, que MG France attend un geste fort de l’État pour pouvoir reprendre les négociations. L’idée est que si on les reprend, c’est pour aboutir à quelque chose. Que ce soit dans la lettre de cadrage ou le montant de l’enveloppe alloué, nous voulons un vrai contenu.
Connaissez-vous personnellement le nouveau ministre de la Santé ?
Dr A.G. : Nous nous sommes un peu côtoyés durant la crise Covid. J’étais présidente de CPTS en Île-de-France et il dirigeait l’ARS de la région. Pendant cette période, on a vu des ARS qui bloquaient tout et d’autres qui ont permis aux professionnels de santé de travailler. Ce qui a été le cas d’Aurélien Rousseau. L’ARS nous laissait l’initiative et après ils nous suivaient, ils n’ont jamais été bloquants. Ce qui ne veut pas dire qu’on était d’accord sur tout, il y a eu des situations où l'on s’est bagarré, mais il a laissé faire les professionnels et les initiatives de terrain.
Avec François Braun, on a toujours pu échanger. C’était un ministre d’un abord agréable mais il avait quand même une vision d’urgentiste, alors que les urgences et les soins non programmés ne sont pas l’alpha et l’oméga d’une politique de santé.
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