L’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) a publié son très attendu indicateur du coût de la rentrée. En sept ans d’existence, l’outil de mesure révèle qu’en cette rentrée 2023, les études de médecine n’ont jamais été aussi chères pour les carabins. Ainsi, il en coûtera 7 415,98 euros à un étudiant en Parcours accès santé spécifique (Pass), ayant recours à une prépa privée, soit 3 % de plus que l’année précédente. Mais ce sont les étudiants en Licence avec accès santé (L.AS) qui connaissent la plus forte augmentation. Avec le recours à un organisme privé, la somme qu’ils doivent débourser se chiffre à 5 190,24 euros, ce qui représente une hausse de 14,2 % par rapport à 2022.
Cette réalité s’inscrit dans un contexte généralisé de hausse des coûts pour l’ensemble des étudiants. La Fédération des associations générales d’étudiants (Fage) révélait ainsi à la mi-août que le coût de la rentrée pour un étudiant dépassait cette année la barre des 3 000 euros. Les futurs médecins ne sont pas épargnés. « Ciblant de façon spécifique les étudiants en médecine, l’indicateur présenté par l’Anemf reprend en partie les chiffres de l’indicateur du coût de la rentrée de la Fage. Il regroupe les chiffres actualisés autour des frais liés à la rentrée étudiante en PASS, L.AS et DFASM » (Diplôme de formation approfondi en sciences médicales), précise le syndicat des carabins en introduction du document présenté ce 23 août. Mais comment expliquent-ils une hausse aussi importante ?
Tutorats vs organismes privés
« Notre étude met surtout en perspective le fait que les organismes de préparation privés ont profité des récentes réformes des études de médecine pour faire grimper leur tarif de 10 à 20 %, selon les régions, par rapport à l’année dernière. À ceci s'ajoute, l’inflation des coûts de la vie mensuelle qui a augmenté de 6,5 % depuis l’année dernière », explique Julie Le Saux, vice-présidente de l’Anemf en charge des affaires sociales. Ainsi, sur l’ensemble du territoire, les prépas privées sont 345 fois plus chères que les tutorats, relève le syndicat des carabins, faisant de ces organismes le premier poste de dépenses dans la rentrée des étudiants.
D’où la volonté de l’Anemf de continuer à développer les tutorats. « Ces services que proposent les associations de carabins pour aider les étudiants en première année auxquels ces derniers peuvent se rendre tous les soirs et découvrir les types de cours et les questions auxquels ils devront faire face », développe Julie Le Saux. À un tarif défiant toute concurrence puisque ces tutorats coûtent environ une vingtaine d’euros l’année, contre quelque 5 000 euros pour l’assistance dispensée par les organismes privés.
Les DFASM 1 aussi touchés
L’Anemf a aussi disséqué le coût de cette rentrée pour les étudiants en deuxième cycle. Sans surprise, pour ces derniers, la tendance est également à la hausse. Le montant de 2023 atteint 4 406,09 euros pour les DFASM 1, (+8,15 %) par rapport à la rentrée précédente et 5 322,74 euros pour les DFASM 1 ayant recours à un organisme privé en présentiel. Quant aux frais mensuels de la vie courante pour les étudiants en PASS, L.AS et DFASM 1, il a augmenté de 6,59 % et dépasse désormais les 1 000 euros (1 035,07 euros).
Bientôt l’oreille du ministre ?
Au chapitre de ses revendications, l’Anemf demande donc un « alignement de la rémunération des étudiants hospitaliers sur celle des autres étudiants stagiaires de même niveau d’études », soit un équivalent de 4,05 euros de l’heure (contre 2,21 euros aujourd’hui), « l’ouverture au droit à la prime d’activité et le maintien des bourses en période estivale », ainsi que « l’extension de l’indemnité d’hébergement de 150 euros brut pour les stages ambulatoires en zones sous-denses aux stages réalisés en centres hospitaliers » et « une revue de l’indemnité de transport fondée sur la grille de remboursement de kilométrique de la fonction publique ». Mensuelle, cette dernière d’un montant de 130 euros, n’est actuellement « que » forfaitaire. Sur tous ces sujets, l’Anemf sera-t-elle entendue ? Julie Le Saux veut le croire. « L’accroissement de la précarisation des étudiants est une réalité. Nous sortirons notre grande enquête sur ce thème entre mi-septembre et fin septembre. J’ai bon espoir qu’à la suite de sa parution, nous serons reçus par le ministre de la Santé Aurélien Rousseau pour en débattre ».
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