Dix mois après le lancement de la téléconsultation remboursée par l'Assurance maladie (le 15 septembre dernier), le dispositif décolle lentement. Le premier bilan communiqué par la Cnam mi-mars, avec 8 000 téléconsultations remboursées en 6 mois, témoignait d'un départ très timide de ces nouvelles cotations de l'avenant 6. Les chiffres à fin-mai communiqués par les services de l'Assurance maladie au Généraliste montrent une augmentation un peu plus rapide.
Entre le 15 septembre 2018 et mi-mai, l’Assurance maladie a pris en charge plus de 16 000 consultations à distance. En deux mois, le nombre total a donc doublé par rapport aux chiffres communiqués mi-mars. 1 098 actes cotés TCG ont même été recensés dans la semaine du 6 au 12 mai. Le déploiement de ces consultations à distance par visioconférence semble donc s’accélérer. Pour autant, l’objectif de 500 000 actes en 2019 de la Cnam ne sera vraisemblablement pas atteint.
80 % d'actes effectués par des libéraux
Près de la moitié des 16 000 téléconsultations (47,2 %) ont été réalisées par des généralistes, 30,3 % par des spécialistes. Les libéraux ont ainsi effectué 80,8 % d’entre elles si on y ajoute les médecins à exercice particulier (MEP). Les centres de santé en ont fait 11,3 % et les établissements de santé 7,9 %, en grande partie sous forme de consultations externes. La Cnam a également présenté aux partenaires conventionnels une carte de France des téléconsultations remboursées lors de la Commission paritaire nationale (CPN) du 19 juin dernier. Ainsi, 40 % des patients bénéficiaires résident en Ile-de-France, 7 % en Alsace et 5 % dans l’Hérault.
Répartition géographique des téléconsultations remboursées (Source : Cnam) :
La moitié des patients ont moins de 50 ans
Concernant le profil des patients qui téléconsultent, 54 % ont moins de 40 ans et 15 % ont plus de 70 ans. Trois patients sur dix sont des patients en ALD et 5 % des téléconsultations ont été facturées à des patients bénéficiant de la CMUc.
L'Assurance maladie a également identifié huit organisations collectives coordonnées territoriales qui proposent de la téléconsultation au 12 juin : Télémédical solution (Aube), Maison de santé Biol (Isère), Télémédecine à Saint-Georges (Manche), Centre médico-social municipal Mai Politzer et Centre de santé cardio-médical (Val-de-Marne), la MSOP Champagne Picardie (Aisne), une MSP de Moselle et le Relai télésanté sud Essonne. Ces organisations de professionnels permettent notamment aux patients qui n'ont pas de médecin traitant de bénéficier d'une dérogation prévue dans l'avenant 6. La réglementation prévoit que le patient puisse tout de même avoir accès à une téléconsultation au sein d'organisations locales. Une quarantaine de structures supplémentaires seraient intéressées pour être enregistrées comme organisations collectives coordonnées territoriales selon la Cnam.
La télé-expertise reste confidentielle
L'Assurance maladie a également dévoilé en CPN les premiers chiffres de la télé-expertise, remboursée depuis le 10 février 2019. Et l'engouement n'est pas encore au rendez-vous. Au 30 avril, 110 télé-expertises ont été facturées majoritairement par des médecins libéraux (81 %). Elles ont fait appel à 22 médecins requis, pour des spécialités de dermatologie, cardiologie et chirurgie.
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