Les médecins n'en démordent pas, les téléconsultations pilotées par des acteurs commerciaux n'ont selon eux rien de consultations médicales. Dans une pétition intitulée « Nous refusons la médecine low-cost - même "2.0" ! », un collectif de praticiens dénonce « les conflits d’intérêts entre ces sociétés et les compagnies d’assurance ou les employeurs de nos patients », et évoque un « mélange des genres entre business et soins ». En trois jours, la pétition adressée à Agnès Buzyn et au patron de l'Ordre, le Dr Patrick Bouet, a récolté plus de 600 signatures.
Mobilisation des syndicats
Mardi, le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S, avait rédigé une lettre ouverte à l'attention de la ministre de la Santé. « Nous vous appelons au secours, c’est à l’ubérisation de la médecine que nous assistons ! Une ubérisation qui n’hésite pas à fouler aux pieds le socle de notre art, sa déontologie et qui menace son indépendance professionnelle », écrivait-il. Jeudi, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) s'est à son tour saisie du sujet. Dans sa lettre hebdomadaire, la CSMF condamne les services de téléconsultation d'acteurs commerciaux. « Non à la téléconsultation low-cost. Oui à une vraie téléconsultation et à la télé-expertise, c’est-à-dire à une télémédecine de qualité encadrée et gérée par la profession ! », clame le syndicat, qui a participé jeudi dernier à l'ouverture des négociations conventionnelles consacrées à la télémédecine.
L'ombre des réseaux de soins
En plus de s'inquiéter de la protection des données de santé des patients et de dénoncer les tarifs et temps de consultations supposés, les auteurs et signataires de la pétition redoutent l'apparition de réseaux de soins. Si les téléconsultations d'acteurs comme Hellocare ou Medaviz sont accessibles au tout-venant, elles s'adressent principalement aux adhérents des mutuelles et aux salariés de sociétés partenaires. « La dépendance financière à des groupes d’assurances pourrait ouvrir la porte aux réseaux de soins, comme ils le demandent depuis toujours », note la pétition.
En conclusion, le collectif de médecins demande « à l’État qui encourage ces pratiques de réviser au plus vite sa politique », à l’Ordre de « faire la lumière sur l’acceptabilité de telles pratiques » et aux médecins de « réagir face à cette ubérisation de la médecine libérale ».
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