LE QUOTIDIEN : Vous présidez le bureau du FAF-PM. À quoi sert-il ? Quelles sont vos priorités ?
Dr JEAN-LOUIS BENSOUSSAN : Le fonds d’assurance formation de la profession médicale (FAF-PM) gère la cotisation obligatoire des médecins qui s’élève à environ 100 euros annuels par médecin libéral, soit un montant total d’un peu près de 12 millions d’euros pour 120 000 médecins libéraux. Cette cotisation appelée contribution pour la formation professionnelle (CPF) est prélevée par les Urssaf. Ce financement sert à indemniser les actions de formation collectives proposées par les organismes habilités.
Dans certaines situations, comme les congrès professionnels, ou quand des sujets comparables ne sont pas proposés par ces organismes, le FAF-PM peut prendre en charge tout ou partie des frais engagés individuellement par les confrères. À la différence du développement professionnel continu (DPC), il s’agit là d’une indemnisation sur facture et non d’un dédommagement de perte d’activité sur la durée de la formation.
Conformément aux statuts, ce fonds est géré par un conseil de gestion composé de délégations des syndicats médicaux représentatifs, qui élit un bureau. Jusqu’à présent, nous étions quatre organisations syndicales : CSMF, SML, MG France, FMF. Depuis le mois de mars, nous sommes cinq avec l’union syndicale Avenir Spé-Le Bloc. Pour l’instant, l’UFML-S n’a pas encore manifesté son intention de rejoindre le conseil de gestion. Mais il pourra le faire à tout moment.
Est-ce que les médecins libéraux font appel à ce fonds ?
Oui. En 2023, on a recensé près de 4 800 actions de formation principalement financées par le FAF-PM pour 35 230 stagiaires. Près de 100 organismes de formation ont été habilités à déposer des projets dont 82 % ont réalisé au minimum une session de formation. Et 1 500 projets déposés par ces organismes de formation habilités et validés étaient disponibles en 2023. Je précise que nous sommes très attentifs aux contenus pédagogiques et scientifiques des formations, les pseudo-actions sont rejetées ! Globalement, nous validons 75 % des actions proposées.
En pratique, les médecins ont choisi à 51 % des actions portant sur l’exercice médical, leur cœur de métier, 18 % sur l’informatique médicale, 13 % sur la relation patient-médecin mais aussi sur l’organisation et la gestion du cabinet libéral. Pour accompagner les confrères dans le travail en équipe au sein des maisons de santé ou des CPTS, et c’est nouveau, nous finançons aussi des formations sur le management des équipes, qui ne sont pas prises en charge notamment par l’agence du DPC.
Les actions réalisées par les médecins dans le cadre du FAF-PM sont-elles validantes pour la certification périodique ?
Bien entendu ! Les actions de formation professionnelle continue financées par le FAF-PM ont toute leur place et viendront abonder celles prévues dans les « référentiels » de certification élaborés pour chaque spécialité par les conseils nationaux professionnels compétents (CNP) et le collège de la médecine générale pour cette discipline. Pourront être pris en compte par exemple la participation à un congrès, financée par le fonds.
Quelles sont les priorités du nouveau bureau ?
Nous allons continuer à offrir un panel large de formations aux médecins. Mais pour cela, nous espérons avoir une enveloppe financière plus importante – autour de 15 à 18 millions d’euros – pour pouvoir répondre aux demandes des médecins. Oui, la cotisation des médecins pourrait augmenter mais c’est aux syndicats d’en décider d’un commun accord.
Le bureau souhaite surtout trouver de nouvelles sources de financement. Nous avons déjà entrepris des démarches en ce sens auprès d’organismes ministériels ou associatifs qui pourraient abonder le fonds pour des actions de formation spécifiques portant sur l’environnement, le numérique ou la sécurité au cabinet. Nous pensons par exemple à l’agence du numérique en santé ou même à l’Assurance-maladie pour l’usage du numérique au cabinet médical. De même, sur la question environnementale, le ministère de l’Environnement pourrait apporter un financement au FAF-PM. Jusqu’à présent, grâce au reliquat dû notamment aux années Covid, nous avons pu financer toutes les demandes. Mais cette année, c’est juste. Nous allons être amenés à en refuser. Ce qui est regrettable.
Bureau du FAF-PM
Président : Dr Jean-Louis Bensoussan (MG France)
1er vice-président : Dr Claude Bronner (FMF)
Vice-présidents : Dr Hervé Pegliasco (CSMF), Dr Bernard Plédran (MG France), Dr Coralie Jean (Union Avenir Spé-Le Bloc)
Trésorier : Dr Philippe Despierre (CSMF)
Trésorière adjointe : Dr Alice Touzaa (FMF)
Secrétaire général : Dr Patrick Caruel (SML)
Secrétaire général adjoint : Dr Étienne Fourquet (Union Avenir Spé-Le Bloc)
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