Les chercheurs de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) ont dévoilé, fin mars, les conclusions de leur comparatif des systèmes de santé français et allemands, dans un rapport réalisé en collaboration avec le Haut conseil du financement de la protection sociale.
En matière de gouvernance des soins, les deux pays sont fondés sur un modèle d’assurance sociale qui garantit une couverture universelle. Autre similitude, les montants de leurs dépenses de santé sont analogues (12,7 % du PIB pour l’Allemagne, 12,1 % pour la France).
Pour autant, le système de santé allemand se caractérise par sa décentralisation : l’organisation et la gestion sont largement assurées par les différentes caisses d’Assurance-maladie, les professionnels de santé et les hôpitaux. Il y existe une séparation stricte entre le secteur ambulatoire et le secteur hospitalier, avec une régulation, une planification et un financement distincts. Par ailleurs, « en Allemagne, les médecins libéraux sont rémunérés sur la base d’une combinaison de paiement à l’acte et de budgets par patient », précisent les chercheurs. Pour quels résultats ?
Les généralistes allemands mieux payés
Si le système hospitalier allemand apparaît, selon les chercheurs, « moins efficient » qu’en France, l’organisation de la médecine de ville semble porteuse d’enseignements. Les chercheurs ont comparé les émoluments des différentes spécialités médicales en les rapportant au salaire annuel moyen brut de chacun des deux pays (39 152 euros en France et 42 376 euros en Allemagne). Premier enseignement, les omnipraticiens et les pédiatres allemands perçoivent des revenus environ 4,5 fois plus élevés que le revenu moyen (contre trois fois pour leurs confrères français). Autre différence notable, le niveau de rémunération de ces deux disciplines est « comparable à celui des autres spécialités » outre-Rhin, alors qu’en France, les généralistes gagnent deux fois moins que les chirurgiens et 50 % de moins que les ORL.
Pour autant, de part et d’autre du fleuve, les mêmes invariants demeurent. La radiothérapie, la radiologie, la médecine nucléaire, l’ophtalmologie, la cardiologie et la gastro-entérologie font partie du peloton de tête des spécialités les mieux rémunérées. À noter qu’en la matière, avec des revenus atteignant 17,5 fois le salaire moyen, les radiothérapeutes français dament largement le pion à leurs confrères allemands, qui, eux ne perçoivent « que » 10 fois ce salaire moyen.
L’Allemagne rémunère bien mieux ses internes. En quatrième année, ils perçoivent 150 % du salaire moyen
Encadrement à l’installation
Côté démographie, la densité globale en médecins « est proche » entre les deux pays mais les généralistes représentent 56 % des médecins de ville en France contre 36 % en Allemagne. Pour mémoire, l’installation des médecins sur le territoire allemand est encadrée selon un ratio de praticiens par habitant. Pour exercer une activité médicale en ville, ces derniers doivent obtenir une licence délivrée par les associations de médecins. Leur nombre est régulé par une planification des besoins définie en fonction de différents facteurs : la densité de la population, le nombre de médecins par spécialité et par habitant ainsi que la structure d’âge et de morbidité de la population. Si ce mécanisme empêche l’installation de nouveaux praticiens dans une région déjà surdotée, « il ne permet pas d’inciter les médecins à s’installer dans les régions sous-dotées et de remédier au manque de médecins dans certains territoires », note l’Irdes. Malgré tout, « les disparités territoriales et les problèmes d’accès aux soins semblent être moins marqués qu’en France », relève l’étude.
Autre différence entre les deux pays, environ 340 000 assistants médicaux sont employés dans les cabinets allemands. En France, si 84 % des généralistes emploient une secrétaire médicale, ils sont seulement 5 % à disposer d’un assistant médical. Avec, à l’arrivée, un temps de travail hebdomadaire moindre pour les généralistes allemands qui ont déclaré 52,4 heures de travail hebdomadaire en 2018 contre 54 heures en moyenne pour leurs homologues français. Dernier enseignement, l’Allemagne rémunère bien mieux ses internes. En quatrième année, ils perçoivent 150 % du salaire moyen, contre 75 % pour les internes des hôpitaux français.
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