Déterminés et déjà mobilisés. Les responsables de l'union syndicale Avenir Spé - Le Bloc présentaient ce jeudi les raisons qui les ont conduits à lancer, mi-juin, un mot d’ordre de grève des médecins libéraux, à partir du 13 octobre prochain, et de déprogrammation complète des activités médicales – soins urgents compris. Un mouvement d'arrêt d'activité désormais relayé par la totalité des syndicats médicaux représentatifs (MG France, CSMF, UFML-S, FMF et SML).
« Il est plus que temps pour les pouvoirs publics de proposer un véritable plan pour la revalorisation de la médecine libérale », ont martelé à l’unisson les Drs Patrick Gasser et Philippe Cuq (coprésidents), aux côtés du Dr Bertrand de Rochambeau, chef de file du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof) et du Dr Loïc Kerdiles, président du Syndicat des anesthésistes libéraux (AAL).
« Ce mouvement polysyndical qui s’apprête à démarrer est inédit en ce qu'il lie l’ensemble des formations représentant les médecins libéraux, toutes générations confondues », soutient le Dr Cuq. « Si les choses n'avancent pas, ce sera la grande faillite des maternités privées, ajoute le Dr Rochambeau. Et comme les maternités publiques s'effondrent aussi, dans les cinq ans, il y aura un vrai problème ».
Une annonce conjointe de ces syndicats devrait intervenir la semaine prochaine sur les modalités d’action concrètes d’accompagnement des médecins libéraux dans cette cessation d'activité. La question du soutien juridique en cas de réquisitions sera ainsi évoquée.
« Ça va frotter »
Le Dr Gasser alerte sur la puissance de frappe des libéraux. Si, à partir du 13 octobre, la majorité d’entre eux cesse d’exercer, l’hôpital ne pourra pas faire face et les pouvoirs publics seront obligés d’entendre les revendications de la médecine de ville, avance-t-il. « Nous sommes conventionnistes, ce que nous souhaitons c’est une reprise rapide des négociations, mais avec de vrais moyens sur la table », développe le Dr Gasser.
Pour l’heure, le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ne semble pas en prendre le chemin. « Avec un Ondam [objectif de dépenses maladie] annoncé pour l’heure à 3,2 %, ça va frotter », résume le Dr Gasser qui, parmi les sources d’argent frais, verrait bien un engagement accru des complémentaires (permettant par exemple de solvaviliser des compléments d'honoraires).
Le gastro-entérologue et ses troupes conservent un œil attentif sur l’arrivée en discussion au Sénat de la proposition de loi dite Valletoux sur l'accès aux soins. Le texte, responsable pour partie de ce mouvement de grève, est a priori programmé pour la deuxième quinzaine d'octobre (au plus tôt).
« Nous verrons les amendements que nous pourrons y apporter, mais cette proposition de loi demeure, pour nous un texte de contrainte, juge Patrick Gasser. Comme au printemps, il y a une forme de schizophrénie politique à envisager de mener de front, des négociations conventionnelles pendant la discussion d’une loi qui menace la liberté des médecins libéraux, notamment en matière de permanence des soins en établissements de santé ».
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