Auparavant docker, désormais médecin et écrivain, Vincent Valinducq a plus d'une corde à son arc. Dans son ouvrage sorti mercredi 20 septembre, il livre un témoignage puissant et sensible sur son vécu de proche aidant. Dans Je suis devenu le parent de mes parents (éditions Stock), le médecin et chroniqueur santé sur France 2 revient sur le choc qui a bouleversé sa vie de famille : le diagnostic d'une maladie apparentée à Alzheimer de sa mère alors qu'elle n'avait que 50 ans.
« Avant, mes parents prenaient soin de moi et là, les rôles se sont inversés », souligne le praticien qui confie « mon premier patient a été ma mère ».
Un trio d'aidants
Refusant catégoriquement l'institutionnalisation, l'époux et les deux fils de Nadine Valinducq vont faire bloc pour former un trio d'aidants au long cours jusqu’à se réduire à un simple duo. « Nous avons chacun trouvé une position précise avec un rôle bien défini… La systémie familiale était modifiée mais bien huilée », se remémore celui qui, suivant l'exemple de son grand-père et son père, fut docker pendant sept ans.
Une expérience dont Vincent Valinducq ne ressort pas indemne. « Pendant les quatorze années de combat menées aux côtés de ma mère malade, j'ai souvent eu l'envie d'écrire pour porter une voix, celle des aidants. J’aurais voulu hurler pour qu'elle soit entendue en dehors des murs de notre maison tant je me sentais seul, incompris et démuni… », confesse le praticien.
Une immense charge mentale
Rien ne protège d'une telle épreuve. Faire partie du corps médical a certes permis un effet "coupe-file". Celui d'obtenir des rendez-vous médicaux plus rapidement. Mais, note encore le médecin : « je ne me sentais pas épargné, j'avais l'impression qu'ils me prenaient pour un confrère plutôt que pour un membre de la famille ». Entre solitude, culpabilité, colère, épuisement, la fonction de proche aidant est une charge mentale d'une telle complexité que le Dr Valinducq observe : « j'ai toujours eu cette impression d'appartenir à un club très fermé, où seuls les membres touchés de près par la maladie peuvent se comprendre. Les autres écoutent ou essayent d'entendre ce que l'on raconte, mais ils ne comprennent jamais vraiment. Le seul moyen, c'est de le vivre, et ça, je ne le souhaite à personne ». Mais les proches aidants sont déjà nombreux (un actif sur six, selon les chiffres de la Drees) et les prévisions sont exponentielles (un sur quatre en 2030).
Être aidant, c'est avant tout accepter d'être aidé
« Pour certains, être aidant est impossible de par leur histoire personnelle. Pour d'autres, c'est toute leur vie. Quand on est aidant, le plus important est de faire ce qu'on peut, mais surtout d'écouter ce qu'on ressent… », écrit le jeune praticien. Son livre n'est pas un guide moralisateur du bon aidant, insiste-t-il, mais une incitation, qu'il souhaite la plus forte possible, à accepter, toutes les aides extérieures existantes. Depuis cette expérience d'aidant, le généraliste voue une attention toute particulière aux patients qui viennent à deux en consultation. Et systématiquement, lorsqu'il repère un aidant épuisé, il lui propose de revenir, seul, en consultation.
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