Alors que l'appel à déconventionnement collectif de l’UFML-S approchait ce mardi la barre des 2 700 lettres d'intention, le village d'Andelot (Haute-Marne) est en émoi. Dans le pôle médical de la vallée du Rognon, qui compte cinq médecins généralistes, deux d'entre eux – dont le Dr Romain Terrien – ont décidé de se déconventionner pour passer en secteur 3.
Médiocrité
Sur le site de prise de rendez-vous en ligne doctolib, le Dr Terrien explique sa décision à ses patients. Il indique ne pas vouloir céder à « un système basé sur le rendement et le nombre d’actes » conduisant « à de mauvaises pratiques certains confrères qui, à demeure, s'enfoncent dans une médiocrité qu'ils ne souhaitaient pas ». « Je ne veux pas faire partie de ce système et je ne veux pas suivre cette direction. Cela fait plus de 40 ans que ces règles s'accumulent et brident les médecins », poursuit-il. Avec cette décision, il informe ses patients que ses consultations seront remboursées 0,61 euros (sur la base du tarif d'autorité). Côté mutuelles, « cela reste encore flou », écrit-il.
Alerté par cette décision de déconventionnement, Nicolas Lacroix, président de la communauté de communes Meuse-Rognon, refuse de la « commenter ». Dans un contexte très tendu sur l'offre de soins, l'élu local ne souhaite pas « se mêler » du bras de fer entre les médecins libéraux et l'Assurance-maladie sur les honoraires. « On n'est pas en position de force pour avoir des jugements sur les médecins qui ont fait le choix d'exercer en milieu rural. Nous devons préserver l'offre médicale dans notre territoire », répond-il ce mardi au « Quotidien ».
L'élu local va même plus loin en disant « comprendre » la colère des médecins. Le passage du tarif de la consultation de 25 euros à 26,50 euros « n’est même pas dans la dynamique de l’inflation ». « On a revalorisé le point d'indice des fonctionnaires. Pourquoi les autres professions n'ont-elles pas déjà suivi ? », lance-t-il.
« On a la chance d'avoir cinq médecins »
Dans ce territoire rural, l’implication de la collectivité locale ne date pas d’hier pour accueillir les médecins libéraux dans de bonnes conditions. Les élus ont par exemple financé les travaux pour agrandir la maison de santé. « Au départ, en 2017, il n'y avait qu'un seul médecin, raconte Nicolas Lacroix. On avait décidé d'élargir le cabinet médical pour accueillir d'autres praticiens et quatre autres se sont ainsi installés. On a la chance d'avoir cinq médecins sur le territoire. Je ne veux pas qu'ils partent ! »
Nicolas Lacroix ne méconnaît pas les conséquences pour les patients. Ceux qui vont chez leur généraliste « une à deux fois par an » vont sans doute rester avec leur médecin déconventionné, « même si cela leur coûte ». Quant à ceux qui sont contraints d’adopter un rythme plus soutenu, ils pourraient « aller engorger les urgences », faute d'avoir trouvé un nouveau médecin traitant…
Pour l'heure, la collectivité poursuit ses efforts pour que la maison de santé d’Andelot offre les meilleures conditions de travail aux médecins et aux paramédicaux. Prenant sa casquette de président du conseil départemental de la Haute-Marne, Nicolas Lacroix annonce parallèlement un plan d'investissement de 70 millions d'euros pour l'hôpital local. « C'est un budget très important, conclut l'élu, mais aujourd'hui la santé est prioritaire. » Coûte que coûte…
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