Mécontents du nouveau zonage (qui définit les zones sous dotées en médecins et donc éligibles à des aides conventionnelles) de leur département, les médecins de l’Oise avaient menacé début mai de faire une grève des gardes si l’Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France n’acceptait pas de les rencontrer. Malgré une rencontre entre les praticiens et l’agence fin mai, l'Association départementale pour l'organisation de la permanence des soins (Adops) de l’Oise a décidé mercredi soir de mettre sa menace à exécution dès samedi après-midi.
Car la réunion avec l’ARS n’a rien changé. Celle-ci a répété qu’elle ne pouvait influer sur des indicateurs décidés au niveau national… et demandé aux praticiens d’attendre la fin des vacances d’été pour débuter la grève ! « En gros, qu’on fasse grève mais que ça n’embête personne, enrage le Dr Lambertyn, président de l’Adops 60. Comme ça nous serions sûrs de ne pas être entendus ! Si nous faisons grève, c’est pour faire du bruit ! »
Une grève soutenue par le Conseil départemental
À partir de samedi midi, six des sept secteurs de garde de l’Oise ne prendront en charge aucun patient. Seul un, géré par SOS médecins — qui soutient le mouvement — fonctionnera. Cette grève risque d’ennuyer les urgences de l’Oise, d’autant que celles de Beauvais sont elles aussi en grève. Mais le Dr Lambertyn assure avoir le soutien du chef du Samu 60. « Il comprend notre colère. Il sait que si nous arrivons à régler le problème de la ville, il y aura automatiquement moins de boulot aux urgences », affirme-t-il.
Le président de l'Adops 60 dit aussi bénéficier du soutien des patients et du Conseil départemental de l’Oise car ce « zonage met en difficultés les communes qui peinent à trouver des médecins ».
« Le sentiment de s'être fait avoir »
Avec cette grève, les praticiens de l’Oise espèrent susciter une réaction du ministère de la Santé. Car il est pour eux hors de question d’attendre le prochain zonage. Selon l’ARS, celui-ci ne devrait pas intervenir avant au moins trois ans. « Des médecins vont terminer en burn-out, si cela continue ainsi », prévient le Dr Lambertyn. L’ARS avait informé dès début mai le ministère de cette menace de grève mais elle n’avait toujours reçu aucune réponse au moment de sa réunion avec les praticiens de l'Oise.
Conscient que le problème de désertification touche toutes les régions, le Dr Lambertyn appelle cependant à plus d’égalité. « Je n'ai rien contre l'Île-de-France, qui est en difficultés aussi. Mais ils sont quand même bien lotis. Quand on regarde leur carte, il y a beaucoup de zones d'intervention prioritaire par rapport à nous, fait-il valoir. Il y a quand même un problème. On a le sentiment de s’être fait avoir ! »
« Nous ferons grève jusqu’à ce que nos revendications soient entendues, jusqu’à ce qu’on se mette autour d’une table », conclut le président de l’Adops 60.
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