Lors de la présentation du plan de déconfinement mardi, Édouard Philippe a rappelé que le télétravail devait être privilégié, mais dans le même temps, Bruno Lemaire, ministre de l’Économie a déclaré : « il faut qu'un maximum de Français reprennent le travail ».
Le risque de déconfinement massif et trop rapide des actifs inquiète en tout cas les médecins du travail. Dans un communiqué, publié ce jeudi, le Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST), estime qu’à ce jour « les conditions sanitaires et la configuration des entreprises ne permettent pas de respecter les principes de précautions élémentaires ».
Trop de risques
Le Premier ministre a fait savoir que le port du masque devait être la règle pour les professionnels qui ne pourraient pas être en télétravail, mais pour le syndicat il est inquiétant de se reposer sur les masques grand public alors que la pénurie de masques est toujours là. Absence de stratégie globale coordonnée de reprise du travail au niveau national ou régional, question des transports non résolue, immunité collective loin d’être atteinte, études épidémiologiques qui font encore trop défaut… selon le syndicat, la stratégie de déconfinement par rapport au monde du travail est hasardeuse et expose à une deuxième vague trop rapide. « Imaginer une reprise d’activité étendue, c’est exposer un grand nombre de travailleurs d’abord dans les transports et ensuite dans leur lieu de travail. (…) Exposer ces travailleurs, c’est exposer leur foyer et donc propager des cas de contamination dans toute la population qui à son tour sera source de contamination pour ces travailleurs », écrit le SNPST.
Comme Édouard Philippe, les professionnels de santé au travail appellent donc à prolonger le télétravail, mais regrette qu’aucun encadrement ne soit prévu pour s’en assurer.
Contre une politique de tests prétexte
Le 1er avril dernier, une ordonnance était parue pour permettre aux médecins du travail de prescrire eux aussi des arrêts. Par ailleurs, leurs missions ont été recentrées sur les messages de prévention et les guides de bonne pratique afin de lutter contre le coronavirus. Le ministère du Travail avait aussi laissé entendre que l’objectif était d’associer les services de santé au travail à la politique de tests en vue du déconfinement. Malgré cela, les médecins du travail regrettent que le
Premier ministre « n’ait fait aucune allusion au rôle que pourraient jouer les services de santé au travail dans le déconfinement des travailleurs et la mise en place des mesures de prévention en entreprise ». Le SNPST s’oppose aussi à ce que la stratégie des tests de dépistage serve de « caution pour exposer les travailleurs à des conditions de travail délétères ». « La Covid-19 est une crise sanitaire et le déconfinement doit être une décision sanitaire avant toute autre. La logique économique doit respecter la logique de santé », conclut le syndicat
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