Inquiets de la prochaine réforme des retraites et de la disparition de l'actuel régime spécifique à leur profession, des syndicats de médecins ont fondé ce mardi avec d'autres professions de santé (infirmiers, kinés, orthophonistes) mais aussi avec des avocats, des pilotes de ligne et des personnels navigants le collectif #SOS Retraites.
Création au CNB du collectif #SOSretraites : avocats, médecins, chirurgiens, infirmiers, kiné, orthophonistes, pilotes, personnel navigant : pour la première fois, toutes ces professions manifesteront ensemble. Tous réunis pour défendre les retraites, tous à Paris le 16 sept ! pic.twitter.com/ko3l00AF1d
— CNB (@CNBarreaux) August 27, 2019
La colère a gagné ces dernières semaines plusieurs professions, qui redoutent l'impact de la création d'un régime universel pour remplacer les 42 régimes de retraite existants. Ils craignent notamment que leur pension soit minorée et que leurs réserves soient fondues dans un pot commun.
Furieux de l'annonce cet été d'un projet de recouvrement des cotisations sociales par les URSSAF, la FMF et l'UFML qui avaient exhorté le gouvernement à revoir sa copie, sont parties prenantes de ce nouveau collectif. La Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) avait pour sa part réclamé la suspension de cette opération jusqu'à l'entrée en vigueur de la prochaine loi sur la réforme des retraites et le non-démantèlement des actuelles caisses de retraite.
Manif à Paris le 16 septembre
Ce mardi, ce collectif interprofessionnel a annoncé l'organisation d'une manifestation à Paris le 16 septembre contre la réforme programmée des retraites et pour défendre leurs régimes respectifs.
A l'initiative de cette journée de mobilisation, l'UFML-S a lancé il a trois mois une pétition déjà signée par près de 11 000 professionnels de santé. Le syndicat du Dr Jérôme Marty souhaite conserver une « solidarité professionnelle et d'une démocratie sociale au sein d'un système de retraite à points ».
Outre la bonne gestion financière des 27 régimes complémentaires réunis au sein de la CNAVPL, l'UFML-S souhaite que soient préservés les services sociaux et les systèmes de solidarité dédiés aux professions libérales concernées. Le projet de régime universel de retraite constitue en effet selon l'UFML-S une « réelle menace de mort pour les professions libérales de santé ». « Nous redoutons que cette réforme soit le coup de grâce pour le statut libéral », confie le Dr Jérôme Marty, joint par Le Généraliste. Au-delà de la journée de mobilisation du 16 septembre, le syndicaliste entrevoit la possibilité de poursuivre ce mouvement unitaire en organisant une prochaine journée de « blocage total de l'activité des professions libérales » : « ce serait du jamais vu », clame-t-il. « On ne peut pas rester sans rien faire devant le hold-up de la Carmf », estime pour sa part le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, favorable à une « réforme juste » des retraites.
Macron n'a pas rassuré
L'annonce par Emmanuel Macron, lundi soir au 20 heures de France 2, d'un changement de philosophie de la réforme, privilégiant un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur un âge, ainsi que la poursuite de la concertation, n'est pas de nature à rassurer les médecins.
Une phase de dialogue autour du rapport Delevoye, remis au début de l'été, doit s'ouvrir. Les partenaires sociaux seront reçus à Matignon les 5 et 6 septembre. Plusieurs syndicats ont déjà annoncé une mobilisation de leurs troupes, notamment le 21 septembre pour FO et le 24 septembre pour la CGT. Une réunion est également prévue début septembre entre le Haut-commissariat à la réforme des retraites et les syndicats de médecins libéraux, apprend-on auprès du Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. La Confédération, qui avait également demandé en juillet aux pouvoirs publics de « respecter la spécificité de la profession de médecin libéral avant de prendre des décisions définitives », n'a pas pris la décision de participer à la journée de mobilisation du 16 septembre. « On ne peut pas organiser un mouvement efficace de fermeture des cabinets aussi rapidement, cela demande un peu plus de temps », explique le Dr Ortiz.
Aide médicale d’État (AME) : dans un centre de PMI en première ligne, deux sénateurs prennent le pouls du terrain
Un partenariat Doctolib/Afflelou ? Les ophtalmos libéraux ne font pas « tchin-tchin »
Enquête sur les restes à charge « invisibles » : 1 500 euros par an et par personne, alerte France Assos Santé
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins