Le 31 mars prochain, le Dr Michèle Goursaud raccrochera son stéthoscope. Non sans mal, car après quarante ans de bons et loyaux services, la généraliste de 68 ans n'a pas trouvé de successeur pour son cabinet de la Ferté-Milon (Aisne). « Je suis désabusée, je ne pensais pas terminer ma carrière dans ces conditions-là et surtout sans personne pour me succéder », se désole-t-elle.
« J'ai mis des annonces sur Média Santé, sur Annonces médicales, sur Solutions médicales, sur RemplaFrance, j'ai contacté les Ordres des alentours, énumère le Dr Goursaud. Mais je n'ai trouvé personne. » Le cabinet ne manque pourtant pas d'atouts : proche de Paris et Reims (à 70 km), il compte un deuxième médecin et deux infirmières, est situé en plein centre-ville et dispose d'un parking.
Il y a quelques jours, la praticienne a même publié une annonce sur Le Bon Coin dans laquelle elle précise céder gratuitement sa patientèle – le Dr Goursaud est médecin traitant de 1 800 patients. "Cause départ à la retraite, cession gratuite de grosse patientèle", écrit-elle.
Deux touches en six mois
En 6 mois, le Dr Goursaud n'a obtenu que deux réponses, les discussions n'ont pas abouti. Le premier médecin a trouvé un cabinet plus près de chez lui. Le second ne l'a pas recontactée.
Comment expliquer tout cela ? Pour la praticienne, « le problème n'est pas que les médecins ne veulent pas venir, c'est qu'il n'y en a pas ! » Et la praticienne de mettre en cause les politiques des trente dernières années qui ont « manqué de clairvoyance. »
Le Dr Goursaud confie qu'il est également difficile pour les praticiens de rivaliser avec certaines aides incitatives. « On donne tout maintenant, plus personne ne vend de patientèle. Je donne tout ce qu'il y a dans mon cabinet. (...) Mais bien sûr, ce n’est pas la proposition d’une mairie, qui peut vous proposer de vous nourrir, loger, chouchouter, biberonner... », grince la généraliste.
Officiellement à la retraite depuis le 1er janvier, le Dr Goursaud, avait décidé de jouer la prolongation « pour ne pas laisser ses confrères dans l'embarras le temps des épidémies hivernales ». À la fin du mois, elle arrêtera pour de bon. « Il faut savoir dire stop ! », dit-elle. La praticienne a néanmoins demandé une licence de remplaçant.
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