En congrès à Marseille, la Mutualité anticipe le débat sur les déserts médicaux

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Publié le 08/09/2022
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Dans le domaine de la santé, les débats du Conseil national de la refondation (CNR) lancé ce jeudi par Emmanuel Macron devront prendre « la forme de concertations qui seront menées sur les bassins de vie », selon l'ÉlyséeJustement, alors que le président de la Mutualité française écoutait le chef de l'État à Marcoussis dans l'Essonne, ses adhérents débattaient en plénière du « système de santé au plus près des territoires » au second jour de leur congrès qui se tient à Marseille depuis hier.

« La crise sanitaire n'a fait qu'accélérer des phénomènes déjà présents sur les territoires, a souligné Astrid Panosyan-Bouvet, députée Renaissance de Paris. Mais on peut aussi saluer la volonté transpartisane dans l'hémicycle de vouloir avancer » sur la question des déserts médicaux. La commission des affaires sociales a en effet, cet été, lancé un groupe de travail dédié à cet effet.

Paris pas épargné

La nouvelle députée, membre de la commission des affaires sociales, semble bien décidée à faire de ce sujet son cheval de bataille. « Même à Paris, nous sommes déjà confrontés à ces problématiques, a-t-elle poursuivi. C'est une forme de désertification qui ne se traduit pas en termes de distance, mais par des files d'attente de plus en plus longues et un déséquilibre entre médecins généralistes et médecins spécialistes dont 71 % sont en secteur II ».

Cofondatrice du parti présidentiel, la députée défend, elle aussi, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui permettent de « faciliter l'accès au médecin traitant et de fluidifier les parcours de soins ». Elle s'interroge néanmoins sur la « profusion » des incitations financières à l'installation aux effets incertains ainsi que sur les nombreux dispositifs « votés mais jamais appliqués ».

Service médical de proximité

Le sujet intéresse fortement la Mutualité française car « nous avons un ancrage territorial très fort et nous cherchons à développer l'accès aux soins de premier recours pour lutter contre les inégalités territoriales et sociales », a rappelé Carine Durand-Broussole, vice-présidente de la Mutuelle nationale territoriale (MNT).

La fédération des mutuelles a, par exemple, fait de la ville de Laval, en Mayenne, son laboratoire de « service médical de proximité », un dispositif où des médecins retraités depuis moins de cinq ans prennent en charge des patients sans médecin traitant. La fédération de la Mutualité PACA a aussi récemment été retenue dans le cadre d'un appel à projet de l'ARS pour accompagner des maisons de santé. « Nous espérons que ces expérimentations encourageront les médecins à s'installer dans les territoires », a fait valoir Carine Durand-Broussole.

La voix des édiles

Quant aux communes, engagées de longue date avec plus ou moins de succès dans la lutte contre les déserts médicaux, elles n'entendent pas être en reste. « La crise du Covid a démontré que les maires ont été capables d'acheter des masques et d'organiser des centres de vaccination, a rappelé Claire Peigné, présidente de la section du Rhône de l’Association des maires de France (AMF). On a compris qu'ils ont un rôle dans l'organisation territoriale, de l'énergie et une capacité à coordonner les acteurs ».

Est-ce un lien de cause à effet ? Les contrats locaux de santé (CLS) semblent avoir trouvé un regain d'intérêt. « Il y a actuellement 313 CLS actifs et 200 sont sur la table », indique la coprésidente de la commission santé de l'AMF. Elle souligne que, depuis la pandémie, les relations entre les élus locaux et les agences régionales de santé (ARS) se sont améliorées. La maire de Morancé est également convaincue du bien-fondé des CPTS : « C'est un outil attendu mais il doit être accompagné de moyens ».


Source : lequotidiendumedecin.fr