Burn-out, alcool, psychotropes, les médecins belges se disent épuisés

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Publié le 21/05/2021

Crédit photo : Phanie

Le bilan établi par le média belge, le « journal du Médecin », a de quoi inquiéter la profession. Près de quatre médecins belges sur 10 présentent des caractéristiques d'épuisement, un sur cinq a une consommation d'alcool au-dessus des recommandations et près de 18 % d'entre eux ont recours à des substances psychoactives (analgésiques, anxiolytiques, drogues). C'est le bilan qui ressort d'une vaste enquête dont les résultats viennent d'être publiés.

Le journal a recueilli les témoignages de 3 572 généralistes et spécialistes en exercice ou en formation (néerlandophones et francophones), dont une petite majorité de femmes (53,9 %), de tous âges (35,1 % nés après 1980).

« Les résultats de la partie de notre enquête consacrée à l'épuisement professionnel sont alarmants », écrit le média belge qui souligne que l'épidémie de Covid a sans doute eu un impact sur le bilan.

Lassitude, fatigue, dégoût…

Six médecins sur dix se disent parfois fatigués avant même d'avoir commencé à travailler. Le phénomène touche particulièrement les jeunes médecins, âgés de moins de 40 ans et ceux de moins de 50 ans. Plus d'un praticien sur deux affirme qu'il lui faut plus de temps qu'avant pour se relaxer après le travail et ils ne sont que 40 % à avoir assez d'énergie pour s'adonner à leurs activités de loisir. Lassitude, dégoût du travail, fatigue émotionnelle… plus d'un tiers des personnes interrogées ressentent occasionnellement ces sensations.

Tout n'est pas noir pour autant. L'enquête révèle également que les médecins restent très fortement impliqués dans leur métier qui les passionne pour la très grande majorité d'entre eux. 80 % disent toujours trouver des aspects nouveaux et intéressants dans leur pratique. 90 % assurent être en mesure de gérer efficacement la charge de travail. Changer de métier n'est pas imaginable pour 60 % d'entre eux.

3 % ont recours aux drogues illicites

« Le journal du Médecin » a également étudié la consommation d'alcool et de médicaments par les professionnels. Près d'un médecin sur deux (47,1 %) boit un verre d'alcool par semaine. « Un répondant sur cinq obtient un score légèrement positif en ce qui concerne un risque possible de problèmes de consommation d'alcool », souligne l'hebdomadaire. Une consommation problématique associée à un risque élevée concerne 2,2 % (3,4 % d'hommes, 1,4 % de femmes) des personnes interrogées.

L'enquête établit que plus de la moitié des personnes interrogées prennent des médicaments pour faire face au stress et aux problèmes de sommeil. Ils sont un sur dix à avoir recours aux analgésiques (AINS, paracétamol) au moins une fois par semaine.

Près de 18 % des médecins belges, 26,2 % des francophones et 14,3 % des néerlandophones, disent s'auto-prescrire des substances psychoactives. Les généralistes semblent plus consommateurs que les spécialistes. « Il est rare (1,8 %) qu'un médecin demande à un confrère qui n'est pas son médecin traitant de lui prescrire un médicament psychoactif », souligne le média belge.

Une petite proportion (7 %) a recours aux analgésiques type tramadol, et moins de 3 % prennent des analgésiques opioïdes (cocaïne, amphétamine, éphédrine, ecstasy). Cette part augment chez les plus jeunes (moins de 40 ans) qui sont 5,4 % à prendre des drogues illicites.

Si la consommation de médicaments est courante dans la profession, les praticiens n'ont pas l'impression d'en abuser, constate le « journal du Médecin ». Seuls 2,6 % en ont conscience.


Source : lequotidiendumedecin.fr