« Nous sommes dans une situation plus que tendue ». Jean-Pierre Lhonneur, maire de Carentan-les-Marais (Manche) depuis 2008, est quelque peu désespéré face à la situation médicale de sa commune. Il y a près d'un mois, l'un des médecins généralistes du bourg est décédé brutalement, et un autre s'est blessé gravement, entraînant un arrêt maladie de plusieurs mois.
« Aujourd'hui, deux des cabinets médicaux du pôle de santé libéral et ambulatoire sont donc vides, il y a deux autres généralistes à temps plein, mais qui ont 70 et 66 ans. L'un d'eux a des problèmes de santé. Les autres médecins sont à temps partiel et ne prennent plus de patients », détaille Jean-Pierre Lhonneur. Affolés face à cette situation, les habitants de Carentan ont commencé à affluer en personne à la mairie pour demander au maire de trouver une solution. Depuis plusieurs jours, le téléphone de l'édile est pris d'assaut par des administrés inquiets.
« L'un d'eux est venu jusque dans mon bureau pour me dire que s'il n'avait pas ses médicaments pour la respiration, il allait venir mourir ici à la mairie ! », raconte le maire, qui n'avait jamais connu cela. Selon lui, la situation était déjà tendue pour la commune de 10 500 habitants, mais elle pourrait devenir « catastrophique » si rien n'est fait.
Job dating à Paris
« La solution la plus adaptée pour répondre à l'urgence serait de salarier un médecin à l'hôpital local [qui n'a pas de service d'urgences ni de plateau technique, NDLR] pour assurer les soins non programmés », indique Jean-Pierre Lhonneur. L'agence régionale de santé doit cependant donner son accord. À plus long terme, la ville souhaiterait pouvoir avoir deux médecins supplémentaires à temps plein, de préférence libéraux.
Le maire a contacté l'URPS médecins libéraux, mais aussi la caisse primaire d'assurance-maladie, l'Ordre des médecins de la Manche et la faculté de médecine de Caen. En partenariat avec le conseil départemental, un médecin du pôle de santé a également participé à un « job dating » destiné aux professionnels de santé à Paris pour tenter de trouver la perle rare.
Malgré le contexte « peu agréable », le maire de la commune reste confiant. « Je pense que nous allons trouver, nous avons des cabinets d'infirmières, des pharmacies, un ophtalmologiste et un cabinet de radiologie, et d'autres spécialistes à l'hôpital… Il ne manque que des généralistes ! », conclut Jean-Pierre Lhonneur.
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