Patients sans médecin traitant : dans le Loiret, des rendez-vous en 24 à 48 heures grâce à un numéro dédié et aux généralistes volontaires

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Publié le 22/12/2021
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Crédit photo : Phanie

Comment assurer la prise en charge de milliers de patients sans médecin traitant dans un désert médical ? Pour de nombreuses communes, l'équation est insoluble…

Dans le Loiret, la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Beauce-Gâtinais a innové dès mars 2020 en expérimentant un numéro de téléphone gratuit, qui fonctionne de 8 heures à 18 heures du lundi au vendredi. Il permet aux 80 000 habitants du territoire du Pithiverais (nord du département) – dont 24 000 sans médecins traitants – de contacter une secrétaire formée à la régulation médicale. Celle-ci doit s'assurer que le motif d'appel relève d'un soin non programmé (lombalgie, renouvellement d'ordonnance pour un patient diabétique…) et non d'une urgence vitale.

Généralistes volontaires 

Le collectif qui fédère 174 professionnels de santé libéraux du territoire – dont 25 médecins – a rédigé en ce sens un cahier des charges avec une liste de pathologies relevant des soins non programmés. « La secrétaire trouve ensuite un rendez-vous en 24 à 48 heures, chez l'un des 14 médecins généralistes volontaires », explique au « Quotidien » la Dr Latifa Miqyass, présidente de la CPTS.

Ces praticiens se sont engagés à consacrer, à tour de rôle, deux heures par jour d'astreinte pour assurer les consultations imprévues. « Ils sont libres de choisir leur jour, leur créneau. Il n'y a aucune contrainte », ajoute-t-elle.

Ressouder les liens

Après plus d’un an d’expérimentation, 5 800 appels ont pu être traités et 2 000 consultations proposées pour des soins non programmés. Selon la généraliste installée à Bazoches-les-Gallerandes, il y a une « vraie satisfaction » des patients qui « restent dans le parcours de soins ». « Jusqu'à présent, les patients sans médecin traitant n'avaient pas d'autre solution que d'appeler un à un les cabinets pour essuyer des refus, d'aller aux urgences ou de renoncer aux soins, décrit-elle. Là, le dispositif fluidifie leur parcours des soins. ».

La solution a convaincu les autres praticiens du territoire. « Ça a permis de ressouder les liens entre les confrères qui exercent pour la majorité de façon isolée, confie la Dr Miqyass. On est aussi soulagé d’avoir une solution pour nos propres patients quand on n'est pas disponibles pour les recevoir. On sait qu’ils seront vus par un de nos confrères, qu'ils ne seront pas en rupture de soins ».

Mission socle de la CPTS

Pour monter ce dispositif unique en France, bien avant le service d'accès aux soins (SAS) promu par Olivier Véran, la CPTS Beauce-Gâtinais a répondu à l'appel à projet Santé Innovations Loiret et décroché le financement du département (soit 10 000 euros). Et en signant en 2020 un contrat avec l'Assurance-maladie, la communauté bénéficie du financement conventionnel au titre de cette mission socle d'accès aux soins.

Cette organisation locale original pourra-t-elle être dupliquée ailleurs ? Selon la Dr Miqyass, il devrait déjà être déployé par les autres CPTS du Loiret, dans le Giennois, dans le secteur de Jargeau-Châteauneuf-sur-Loire ou de Montargis. « Si ce dispositif fonctionne chez nous face à la pire pénurie médicale, fait valoir la généraliste, il peut marcher partout ! »

* 0 801 90 45 00 


Source : lequotidiendumedecin.fr