Un collectif de médecins ne veut pas de l'Ordre dans le procès Le Scouarnec

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Publié le 20/10/2022
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Le bras de fer entre le Miop (Mouvements d'insoumission des ordres professionnels) et l'Ordre des médecins se poursuit. S'opposant régulièrement à l'instance ordinale qualifiée de « structure réactionnaire » et d'« organisation corporatiste opaque », le collectif qui regroupe plusieurs professionnels, associations, syndicats était présent ce jeudi matin au tribunal judiciaire de Paris. En effet, le Miop a déposé une requête auprès du juge des référés pour demander la désignation « d'un administrateur judiciaire avec mission de représenter le Cnom dans la procédure pénale où est poursuivi le Dr Le Scouarnec ».

Venu de Nantes, muni d'une banderole, le Dr Patrick Wiener, secrétaire du Miop, rappelle que l'un des objectifs recherchés est que « l'Ordre ne soit pas partie civile dans le deuxième volet du procès Le Scouarnec ». Condamné en décembre 2020, à quinze ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Saintes dans un premier dossier de viols et d’agressions sexuelles sur quatre victimes mineures, le Dr Joël Le Scouarnec va être entendu par la justice pénale pour avoir agressé, entre 1986 et 2014, 312 victimes présumées.

Discours mensonger

« Dans cette affaire, poursuit l'urgentiste retraité, l’Ordre aurait dû intervenir en 2006. Il a un discours mensonger qui trompe les victimes alors que ses carences sont clairement établies ». A ses côtés, la Dr Odette Tencer, médecin du travail retraitée partage cet avis. « L'Ordre a négligé sur le plan de la sanction disciplinaire un pédophile patenté alors qu'il y a eu des signalements de médecins, dit-elle. Il a été informé mais il n'a pas agi ». 

Selon Gilles Devers, avocat du Miop, l'Ordre prétend n'avoir pas pu engager à l'époque de procédure disciplinaire contre le Dr Scouarnec puisqu'il bénéficiait d'une mesure de protection en tant que médecin de la fonction publique. Depuis cette protection a été supprimée par la loi Bachelot de 2009. Or selon Me Wiener, « les faits reprochés ont été commis au domicile, c'est-à-dire détachable de la fonction de médecin hospitalier ». Dans ce cas, l'Ordre est compétent pour poursuivre sur le plan disciplinaire. « Si l'Ordre avait interdit d'exercice le Dr Scouarnec, ne serait que pendant six mois, il y aurait peut être eu 150 victimes de moins », ajoute l'avocat. Le juge des référés doit rendre sa décision le 3 novembre.


Source : lequotidiendumedecin.fr