Violence avec arme : 5 ans de prison ferme pour l'agresseur du médecin de Mulhouse

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Publié le 29/08/2022

Crédit photo : Phanie

Présenté ce matin à un juge en comparution immédiate, un homme d'une trentaine d'années vient d'être condamné à cinq ans de prison ferme avec un mandat de dépôt pour avoir agressé un médecin de SOS à Mulhouse (Haut-Rhin). La sévérité de la peine, dont le condamné a immédiatement fait appel, s'explique notamment par ses antécédents. L'homme avait déjà été condamné à cinq reprises, dont une peine de dix ans de prison pour viol et agression sexuelle.

Samedi dernier, le généraliste avait été appelé vers 11 h 30 pour se rendre au domicile d'une patiente, souffrant de douleurs à la cheville. Arrivé deux heures après, le médecin s'était retrouvé avec le compagnon de la patiente très énervé, lui reprochant son retard. L'homme lui avait alors proféré des menaces de mort puis se rendant dans une autre pièce, il était ressorti avec une arme pour tirer à deux reprises sur le médecin. L'arme était factice et chargée de billes.

Le praticien avait été touché à la cuisse provoquant des ecchymoses. « Les agressions verbales, on en subit régulièrement. Mais de là à en arriver à des menaces de mort avec une arme !, s'indigne le Dr Frédéric Tryniszewski, président de SOS médecins de Mulhouse (68). Effectivement, c'était une arme factice et ce n'était que des billes de plastique, bien heureusement pour lui. Mais, le médecin ignorait totalement de quelle arme il s'agissait. Il était très choqué. » En réaction à cette agression, l'association locale de SOS médecins avait décidé d'arrêter les visites à domicile pendant le week-end. Mais depuis ce matin, l'activité a repris. « Le but n'est pas de prendre la population de ce territoire très touché par la démographie médicale en otage », commente le généraliste.

Condamnation unanime

L'affaire a provoqué de vives réactions. Le ministre de la Santé, François Braun, a condamné l'agression et exprimé son soutien dans un tweet dimanche matin. Idem pour Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé.

 

De son côté, l'Ordre national des médecins a immédiatement réagi en condamnant fermement « ces faits absolument inadmissibles ». Dans un tweet, le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) réclame « une réaction des pouvoirs publics ».

Donner du sens à la visite à domicile

Aussitôt le jugement connu, l'association SOS médecins de Mulhouse ne cache pas sa satisfaction. « Un médecin a été agressé et la justice l'a tout de suite condamné. C'est ce que nous demandions », commente le Dr Frédéric Tryniszewski. Le médecin espère aussi que cette condamnation soit largement médiatisée « pour faire comprendre à la population que les soignants ne sont pas la police mais des professionnels de santé qui interviennent pour l'aider ».

« Dans ce cadre-là, nous devons avoir le maximum de respect », martèle-t-il. Celui qui est aussi secrétaire général adjoint du SML (68) demande au ministre de la Santé le lancement d'une campagne d'éducation de la population sur « l'incivilité » et « le bon usage des soins pour donner un vrai sens à la visite à domicile ». « Cet acte ne doit pas être utilisé n'importe comment et rémunéré à sa juste valeur, dit-il. L'affaire illustre bien le problème. Là c'était une douleur de cheville et les personnes avaient refusé de se déplacer pour consulter. »

Fin juillet, le Conseil national de l'Ordre des médecins avait publié son enquête annuelle sur la sécurité des médecins, faisant état, pour 2021, d'une hausse de 5,6% des déclarations d'incidents par les médecins. 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr