Sans eux, l’hôpital public ne tournerait pas. Les internes en médecine sont soumis à des horaires parfois extravagants et à une pression permanente de la part de leur hiérarchie. Pourtant la réglementation existe, qui impose temps de travail et repos de sécurité. Comment faire valoir ses droits ? Vers qui se tourner en cas de conflit ? Pour évoquer ces questions, nous accueillerons au cours d’un live chat Théophile Denise, premier vice-président de l’Isnar-IMG (Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale).
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Journaliste QDM (SL)
Bonjour à toutes et à tous.
Bienvenue sur lequotidiendumedecin.fr.
Temps de travail, conflit avec un chef, repos de sécurité, difficultés durant un stage.. quels sont les droits des internes ?Pour évoquer ces questions, nous accueillons aujourd’hui Théophile Denise, premier vice-président de l’Isnar-IMG (Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale).
Exceptionnellement, ce Live chat se déroule en visio, en liaison avec Clermont-Ferrand où Théophile Denise effectue son internat.
Bienvenue sur lequotidiendumedecin.fr.
Temps de travail, conflit avec un chef, repos de sécurité, difficultés durant un stage.. quels sont les droits des internes ?Pour évoquer ces questions, nous accueillons aujourd’hui Théophile Denise, premier vice-président de l’Isnar-IMG (Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale).
Exceptionnellement, ce Live chat se déroule en visio, en liaison avec Clermont-Ferrand où Théophile Denise effectue son internat.
Journaliste QDM (SL)
Journaliste QDM (SL)
Bonjour Théophile Denise. Merci d’avoir accepté notre invitation à ce Live chat.
Théophile Denise
Bonjour et je vous remercie de m'avoir invité pour parler du temps de travail des internes.
C'est un sujet qui nous tient particulièrement à cœur à l'Isnar-IMG.
C'est un sujet qui nous tient particulièrement à cœur à l'Isnar-IMG.
DrJams
A votre connaissance, y a-t-il une amélioration sur le décompte réel du temps de travail au niveau des plannings de service ?
Théophile Denise
C'est très hétérogène sur le territoire entre les subdivisions et entre les centres hospitaliers. En tout cas, nous n'avons aucune donnée objective sur le fait que les CH et CHU ne réalisent plus les tableaux de service des internes.
On ne peut pas comprendre l'intérêt du tableau de service si on ne comprend pas qu'on parle d'une situation dans laquelle la majorité des internes dépassent leurs obligations de travail maximum. Pour rappel, c'est 48 heures par semaine en moyenne. Concrètement, on estime que 70% des internes font plus de 48 heures par semaine. Et quand on essaye d'améliorer cette situation, on nous rétorque qu'il n'y a pas de données objectives permettant de mesurer le temps de travail des internes, donc nous demandons la mesure du temps de travail, que ce soit le temps horaire et les tableaux de service.
On ne peut pas comprendre l'intérêt du tableau de service si on ne comprend pas qu'on parle d'une situation dans laquelle la majorité des internes dépassent leurs obligations de travail maximum. Pour rappel, c'est 48 heures par semaine en moyenne. Concrètement, on estime que 70% des internes font plus de 48 heures par semaine. Et quand on essaye d'améliorer cette situation, on nous rétorque qu'il n'y a pas de données objectives permettant de mesurer le temps de travail des internes, donc nous demandons la mesure du temps de travail, que ce soit le temps horaire et les tableaux de service.
Sasa
Vers qui se tourner en cas de non-respect du temps de travail et du repos de sécurité ?
Théophile Denise
Même si ce n'est pas une obligation, nous recommandons fortement aux internes de se tourner vers leurs syndicats de spécialités locales, au sein de leur subdivision. Non seulement ce sont des internes qu'ils connaissent proches d'eux et de leur quotidien et en plus ils sont bien formés sur le respect du temps de travail, la réglementation et les procédures.
Avec l'aide du syndicat local, ou non, la première chose à faire c'est d'objectiver le dépassement du temps de travail et le non-respect des repos de sécurité par le fameux tableau de service. La procédure c'est : réclamer les repos compensateurs dus auprès de la direction des affaires médicales, et en cas de refus au président de la CME du centre hosptialier d'affectation.
Si il y a quelques années, ce genre de procédures aboutissaient rarement, on constate un changement des mentalités, notamment depuis le fait qu'une procédure réglementaire a été mise en place en 2017 et aussi depuis que les syndicats d'internes ont envoyé un ultimatum aux centres hospitaliers pour respecter le temps de travail, fin juillet 2022.
Avec l'aide du syndicat local, ou non, la première chose à faire c'est d'objectiver le dépassement du temps de travail et le non-respect des repos de sécurité par le fameux tableau de service. La procédure c'est : réclamer les repos compensateurs dus auprès de la direction des affaires médicales, et en cas de refus au président de la CME du centre hosptialier d'affectation.
Si il y a quelques années, ce genre de procédures aboutissaient rarement, on constate un changement des mentalités, notamment depuis le fait qu'une procédure réglementaire a été mise en place en 2017 et aussi depuis que les syndicats d'internes ont envoyé un ultimatum aux centres hospitaliers pour respecter le temps de travail, fin juillet 2022.
Journaliste QDM (PT)
Ne pensez-vous pas que le respect strict du temps de travail, garde comprise, peut conduire dans certaines spé chirurgicales à ne plus être formée au bloc car on imagine mal les seniors nous dispenser des "corvées obligatoires" au profit du bloc. C’est le problème du donnant-donnant où on fait le sale boulot, et en échange on nous forme.
Théophile Denise
Il n'est pas raisonnable qu'un chef de service énonce que travailler 48 heures par semaine c'est insuffisant pour être formé. D'autant plus que l'internat pour les spécialités chirurgicales est très long. La formation des internes de spécialités chirurgicales est particulièrement importante, mais si les tâches que tu désignes comme des "corvées" empiètent sur ton temps de formation, alors c'est à l'hôpital d'embaucher des professionnels qui ne sont pas en formation pour les assurer. On ne peut plus accepter d'être un agent hospitalier corvéable parce que notre salaire est très faible.
Raphaël
Est-il vrai qu'un repos de sécurité doit être respecté en lendemain d'astreinte déplacée ? Je ne l'ai jamais vu appliqué si ça existe...
Théophile Denise
Absolument ! Pour les internes, une astreinte déplacée est considérée comme une garde et ouvre le droit à un repos de sécurité.
C'est l'article 3 de l'arrêté du 6 août 2015 relatif aux astreintes des internes.
C'est l'article 3 de l'arrêté du 6 août 2015 relatif aux astreintes des internes.
Angèle
Jusqu'à quelle heure un interne peut travailler la journée, et que cela soit considéré comme horaire de travail de l'après-midi ? Je m'explique : est-ce que les chefs de service peuvent nous demander de rester jusqu'à 22h et ne pas être payés comme 1/2 garde ?
Théophile Denise
La question était floue jusqu'à 2014. Mais c'est aujourd'hui très clair grâce à une instruction de la DGOS : tout travail après 21 heures doit être considéré comme du travail de nuit et donc considéré comme du travail de garde, soit une garde complète, soit une demi-garde. Cela doit être rémunéré comme tel et ouvrir droit à un repos de sécurité de 11h systématique.
C'est l'instruction DGOS/RH4 numéro 2014-128 du 22 avril 2014.
On voit une réelle amélioration sur le respect de cette règle grâce au travail des syndicats locaux. C'était un des sujets de notre dernière rencontre avec Madame Daudé, la nouvelle directrice générale de l'offre de soin qui nous a bien confirmé que faire travailler les internes tard dans la nuit, en considérant que c'était un horaire décalé, correspondait à une entorse à la loi et que les centre hospitaliers devaient corriger leur pratique.
Dernier exemple : au CHU de Nantes, il y a une procédure judiciaire en cours contre le CHU car des demi-gardes n'étaient pas reconnues comme telles. La procédure est toujours en cours mais désormais le CHU a corrigé ces pratiques.
C'est l'instruction DGOS/RH4 numéro 2014-128 du 22 avril 2014.
On voit une réelle amélioration sur le respect de cette règle grâce au travail des syndicats locaux. C'était un des sujets de notre dernière rencontre avec Madame Daudé, la nouvelle directrice générale de l'offre de soin qui nous a bien confirmé que faire travailler les internes tard dans la nuit, en considérant que c'était un horaire décalé, correspondait à une entorse à la loi et que les centre hospitaliers devaient corriger leur pratique.
Dernier exemple : au CHU de Nantes, il y a une procédure judiciaire en cours contre le CHU car des demi-gardes n'étaient pas reconnues comme telles. La procédure est toujours en cours mais désormais le CHU a corrigé ces pratiques.
Journaliste QDM (SL)
Ana
Comment faire un droit au remords quand on n'a pas le classement ?
Théophile Denise
Déjà, il faut préciser que le droit au remords ne peut se faire que jusqu'au 2e semestre de la phase d'approfondissement. Il existe une procédure dérogatoire pour pouvoir changer de spécialité même si on n'avait pas le classement aux ECN. C'est l'ARS qui arrête que certaines spécialités sont en grand déficit de professionnels et qu'il est possible d'ouvrir un droit au remords sans avoir le classement. Pour cela, je vous invite à vous mettre en contact avec l'ARS de votre subdivision, ainsi que le coordinateur de votre DES. (C'est toujours mieux de prévenir le syndicat local qui peut être d'une grande aide).
Nous faisons du conseil réglementaire aux internes. Il faut envoyer un mail à contact@isnar-img.com et nous vous répondons pour détailler la réglementation.
Nous faisons du conseil réglementaire aux internes. Il faut envoyer un mail à contact@isnar-img.com et nous vous répondons pour détailler la réglementation.
dodo
Peut-on demander un repos long avant une grosse garde ? Merci.
Théophile Denise
Actuellement, il n'existe pas de repos prégarde. Mais un interne peut poser une ou deux demi-journées de formation en autonomie avant une garde pour se reposer.
Le repos pré-garde, c'est une revendication des internes, et notamment de l'Isnar-IMG : ce serait une demi-journée à prendre avant une garde, à la disposition de l'interne. En effet, dans beaucoup de pays occidentaux, on a mis fin aux 24 heures de garde consécutives parce que c'est un danger à la fois pour les internes, mais aussi pour les patients.
Le repos pré-garde, c'est une revendication des internes, et notamment de l'Isnar-IMG : ce serait une demi-journée à prendre avant une garde, à la disposition de l'interne. En effet, dans beaucoup de pays occidentaux, on a mis fin aux 24 heures de garde consécutives parce que c'est un danger à la fois pour les internes, mais aussi pour les patients.
Luc G_9
Y a-t-il un recours possible lorsque que 4 sujets sérieux de thèse ont été refusés, et auprès de qui ?
Théophile Denise
J'aurai besoin de plus d'informations pour pouvoir te répondre. N'hésite pas à nous envoyer un message à contact@isnar-img.com.
Mais d'ici là, sache que c'est le directeur de l'unité de formation et de recherche (UFR), soit le doyen, qui est censé trancher sur des litiges entre des enseignants et des étudiants. En absence de plus d'information sur ta situation, tu pourrais commencer par le contacter si ce n'est pas déjà fait.
Mais d'ici là, sache que c'est le directeur de l'unité de formation et de recherche (UFR), soit le doyen, qui est censé trancher sur des litiges entre des enseignants et des étudiants. En absence de plus d'information sur ta situation, tu pourrais commencer par le contacter si ce n'est pas déjà fait.
janot
Sur le temps de travail, pensez-vous qu'il faille mettre des pointeuses pour le faire respecter ? J'ai du mal à comprendre en pratique comment ça peut se mettre en place. Je dépasse largement les 48 heures mais en soi personne ne m'oblige à rester ; mais je ne me vois pas non plus partir à 18h...
Théophile Denise
C'est très difficile pour les médecins de se dire qu'on part à un horaire fixe. On a l'impression de délaisser nos patients. C'est pour ça que ce n'est pas la solution que nous retenons à l'Isnar-IMG. On préfère nettement plus des repos compensanteurs que l'on peut prendre sous la forme d'un jour, de deux jours, d'une semaine et qui permettent de se reposer en plus des congés annuels lorsque l'on dépasse notre temps de travail de manière chronique.
Le fait que l'on se sente obligé de rester même si personne ne nous oblige explicitement, c'est quelque chose que l'on vit au quotidien, tous les internes. Le premier message à faire passer, c'est qu'on est compétent, on n'a pas à se sentir coupable d'avoir besoin de temps pour faire bien notre travail, pour bien s'occuper des patients à l'hôpital.
Une chose que doivent faire les centres hospitaliers pour que le temps de travail soit respecté, c'est réorganiser notre temps de travail, nous délester du travail où nos compétences et connaissances ne sont pas nécessaires, et potentiellement réduire la charge de travail. Par exemple, il y a un maximum de patients pour une infirmière diplômée d'Etat, ce n'est pas normal qu'il n'y ait pas un maximum de patients pour un interne.
Sur le sujet de la pointeuse, c'est une disposition qui met très mal à l'aise beaucoup d'internes et c'est pour ça que nous doutons comme toi de son applicabilité.
Le fait que l'on se sente obligé de rester même si personne ne nous oblige explicitement, c'est quelque chose que l'on vit au quotidien, tous les internes. Le premier message à faire passer, c'est qu'on est compétent, on n'a pas à se sentir coupable d'avoir besoin de temps pour faire bien notre travail, pour bien s'occuper des patients à l'hôpital.
Une chose que doivent faire les centres hospitaliers pour que le temps de travail soit respecté, c'est réorganiser notre temps de travail, nous délester du travail où nos compétences et connaissances ne sont pas nécessaires, et potentiellement réduire la charge de travail. Par exemple, il y a un maximum de patients pour une infirmière diplômée d'Etat, ce n'est pas normal qu'il n'y ait pas un maximum de patients pour un interne.
Sur le sujet de la pointeuse, c'est une disposition qui met très mal à l'aise beaucoup d'internes et c'est pour ça que nous doutons comme toi de son applicabilité.
Baby Doc
Est-ce qu'il existe des structures pour venir en aide aux internes avec un numéro de téléphone accessible 7 jours sur 7 ? Qui gère ça ? Les appels restent-ils anonymes ?
Théophile Denise
Il existait jusqu'à peu la CNAES (la coordination nationale d'accompagnement des étudiants en santé) qui disposait d'une hot line ouverte aux étudiants en santé et notamment aux internes. Malheureusement, elle a été fermée il y a quelques jours, faute d'une gestion catastrophique. C'est encore un engagement du ministère de l'Enseignement supérieur qui n'a pas été respecté.
Néanmoins, il reste des solutions qui sont soit locales, soit privées. Pour les solutions locales, les syndicats de spécialités de ta subdivision sont très au courant des numéros disponibles localement. Et pour les initiatives privées, on peut citer le programme M qui est organisé par le groupe Pasteur Mutualité.
Je tiens à préciser une déclaration de lien d'intérêt : l'Isnar-IMG a un partenariat avec le groupe Pasteur Mutualité, notamment pour ce genre d'initiative.
Néanmoins, il reste des solutions qui sont soit locales, soit privées. Pour les solutions locales, les syndicats de spécialités de ta subdivision sont très au courant des numéros disponibles localement. Et pour les initiatives privées, on peut citer le programme M qui est organisé par le groupe Pasteur Mutualité.
Je tiens à préciser une déclaration de lien d'intérêt : l'Isnar-IMG a un partenariat avec le groupe Pasteur Mutualité, notamment pour ce genre d'initiative.
Journaliste QDM (SL)
drtromo
Bonjour.
Je suis un vieux de la vieille, 45 ans d'exercice à l'hôpital. De mon temps, l'internat était vu comme une chance d'apprendre et d'exercer aux côtés des plus grands, du compagnonnage, on ne comptait pas nos heures... Qu'est-ce qui a changé dans nos services pour en arriver là aujourd'hui ?
Je suis un vieux de la vieille, 45 ans d'exercice à l'hôpital. De mon temps, l'internat était vu comme une chance d'apprendre et d'exercer aux côtés des plus grands, du compagnonnage, on ne comptait pas nos heures... Qu'est-ce qui a changé dans nos services pour en arriver là aujourd'hui ?
Théophile Denise
Bonjour, félicitations d'avoir tenu 45 ans à l'hôpital ! Je n'ai pas été témoin de comment se passait l'internat il y a 40 ans, mais, aujourd'hui, la dégradation de la santé des internes est objective. Trois quarts des internes souffrent de troubles anxieux, deux tiers présentent des signes de burn out, un quart souffrent d'épisode dépressifs caractérisé et un cinquième présentent des idées suicidaires. C'est normal que, dans ces conditions, nous comptions nos heures à l'hôpital.
L'augmentation du malaise est commune à tous les professionnels de santé à l'hôpital. Il faut donc rechercher une cause structurelle. Par exemple, une augmentation des moyens alloués à la santé qui n'ont pas suivi l'augmentation de la demande de soins. Concrètement pour les internes, on a diminué notre nombre et, aujourd'hui, on est autant d'internes qu'il n'y en avait il y a 40 ans, alors que la population a bien changé. Cette diminution s'est faite principalement sur des arguments budgétaires.
L'augmentation du malaise est commune à tous les professionnels de santé à l'hôpital. Il faut donc rechercher une cause structurelle. Par exemple, une augmentation des moyens alloués à la santé qui n'ont pas suivi l'augmentation de la demande de soins. Concrètement pour les internes, on a diminué notre nombre et, aujourd'hui, on est autant d'internes qu'il n'y en avait il y a 40 ans, alors que la population a bien changé. Cette diminution s'est faite principalement sur des arguments budgétaires.
sarah
Quel temps peut-on m'accorder si je veux faire de la recherche ? Quelles obligations pour mon CHU et les facs ?
Théophile Denise
Il existe plusieurs dispositifs. Le premier, c'est la journée de formation en autonomie. Ton CHU ou ton CH doit t'accorder une demi-journée de formation par semaine, hors de ton service, et lors de laquelle tu n'as pas de compte à rendre sur son contenu. Tu peux faire la recherche que tu veux. Ces demi-journées de formation peuvent être regroupées. Le but, c'est qu'elles soient en moyenne d'une demi-journée par semaine sur un trimestre.
Ensuite, tu peux réaliser une année de recherche. C'est-à-dire une année où tu es rémunéré à ton statut d'interne mais que tu passes à faire de la recherche sous la supervision des enseignants de ton DES. La demande se fait d'ailleurs auprès d'eux.
Une autre possibilité, c'est de prendre une disponibilité pour des recherches d'intérêt général. Tu n'es alors pas rémunéré selon ton statut d'interne, mais tu peux être embauché par un laboratoire de recherche par exemple. La demande se fait auprès de la direction du CHU.
Ensuite, tu peux réaliser une année de recherche. C'est-à-dire une année où tu es rémunéré à ton statut d'interne mais que tu passes à faire de la recherche sous la supervision des enseignants de ton DES. La demande se fait d'ailleurs auprès d'eux.
Une autre possibilité, c'est de prendre une disponibilité pour des recherches d'intérêt général. Tu n'es alors pas rémunéré selon ton statut d'interne, mais tu peux être embauché par un laboratoire de recherche par exemple. La demande se fait auprès de la direction du CHU.
Drspud
Sais-tu si des services hospitaliers maltraitants avec les internes ont déjà été mis en cause et suspendus ? Combien ?
Théophile Denise
Oui, c'est quelque chose qui arrive chaque semestre à l'échelle nationale. En effet, un syndicat d'internes, ou plus rarement un interne tout seul, peut demander la suspension ou le retrait de l'autorisation de recevoir des internes. Même si ça arrive chaque semestre, je n'ai pas de chiffres précis à te donner.
Bien que ce ne soient pas des affaires qui soient très médiatisées, il y a actuellement de nombreuses procédures judicaires à l'encontre des CH et des CHU. Je parlais de celle à l'encontre du CHU de Nantes plus tôt. Et il est très fréquent que nous les gagnions.
Malheureusement, nous rencontrons parfois des difficultés à faire fermer des services objectivement maltraitants au prétexte que cela nuirait à la continuité des soins. A l'Isnar-IMG, nous demandons à renforcer la réglementation relative au retrait d'agrément. Notamment, tout fait de harcèlement, de discrimination ou de violences sexistes et sexuelles en service devrait systématiquement entraîner le retrait d'agrément pour le service. Et pour les cas de dépassements de temps de travail, les punitions à l'encontre des CH et CHU irrespectueux du temps de travail devraient être enrichis de sanctions financières dissuasives.
Bien que ce ne soient pas des affaires qui soient très médiatisées, il y a actuellement de nombreuses procédures judicaires à l'encontre des CH et des CHU. Je parlais de celle à l'encontre du CHU de Nantes plus tôt. Et il est très fréquent que nous les gagnions.
Malheureusement, nous rencontrons parfois des difficultés à faire fermer des services objectivement maltraitants au prétexte que cela nuirait à la continuité des soins. A l'Isnar-IMG, nous demandons à renforcer la réglementation relative au retrait d'agrément. Notamment, tout fait de harcèlement, de discrimination ou de violences sexistes et sexuelles en service devrait systématiquement entraîner le retrait d'agrément pour le service. Et pour les cas de dépassements de temps de travail, les punitions à l'encontre des CH et CHU irrespectueux du temps de travail devraient être enrichis de sanctions financières dissuasives.
Nanovervo
Penses-tu que la question du temps de travail se poserait de la même façon si les internes étaient payés à l’acte à l’hôpital ?
Théophile Denise
Si les internes étaient payés à l'acte à l'hôpital, toute l'organisation des services hospitaliers serait différente. C'est donc difficile de te répondre sur le temps de travail des internes.
Journaliste QDM (SL)
Plusieurs questions sur la (très controversée) 4e année d'internat en médecine générale :
-lulu12
Pensez-vous que la 4e année de MG va être reportée ?
Les choix de postes vont arriver dans quelques mois et je suis dans l'incertitude totale
Les choix de postes vont arriver dans quelques mois et je suis dans l'incertitude totale
-BERTRAND
De quelle manière voyez-vous la 4ème année d'internat en médecine générale (intérêt, compagnonnage, affections)? Pourquoi avoir plus ou moins accepté cette 4ème année?
Théophile Denise
On a absolument refusé cette 4e année. On se mobilise contre depuis qu'elle a été évoquée au début des années 2010. On s'est mobilisé contre lors de la réforme du 3e cycle en 2017, puisqu'elle aurait dû être créée à ce moment-là. Et, en octobre novembre 2022, on s'est de nouveau mobilisé contre par la grève et par la manifestation. Lorsqu'elle a fini par nous être imposée dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 on est même monté jusqu'au recours au Conseil constitutionnel pour tenter de la faire abroger.
Je ne sais pas si la 4e année de médecine générale sera reportée pour ne pas s'appliquer à la promotion ECN 2023 mais c'est ce que nous demandons. Nous dénonçons depuis le début que c'est un projet d'accès aux soins sans objectifs pédagogiques clairs, et il n'est pas étonnant de constater que rien du contenu de la 4e année n'a été décidé, 4 mois après son adoption au Parlement. C'est pour ça que les autorités doivent prendre leur responsabilité et décider au minimum de repousser sa mise en application.
Pour finir sur ce que nous pensons de cette 4e année du DES de médecine générale, nous pensons qu'au fond il s'agit d'avoir des internes de médecine générale à disposition une année de plus car nous ne sommes pas maître de notre affectation, et que nous ne sommes pas chers. Mais maintenant qu'elle a été votée au Parlement, nous nous battons à fond pour que son contenu soit le moins possible de l'exploitation.
Je ne sais pas si la 4e année de médecine générale sera reportée pour ne pas s'appliquer à la promotion ECN 2023 mais c'est ce que nous demandons. Nous dénonçons depuis le début que c'est un projet d'accès aux soins sans objectifs pédagogiques clairs, et il n'est pas étonnant de constater que rien du contenu de la 4e année n'a été décidé, 4 mois après son adoption au Parlement. C'est pour ça que les autorités doivent prendre leur responsabilité et décider au minimum de repousser sa mise en application.
Pour finir sur ce que nous pensons de cette 4e année du DES de médecine générale, nous pensons qu'au fond il s'agit d'avoir des internes de médecine générale à disposition une année de plus car nous ne sommes pas maître de notre affectation, et que nous ne sommes pas chers. Mais maintenant qu'elle a été votée au Parlement, nous nous battons à fond pour que son contenu soit le moins possible de l'exploitation.
marion
Selon vous, quelle est la juste rémunération pour un interne en médecine générale pour une durée de travail de 48 heures ?
Théophile Denise
Le montant actuel de la rémunération des internes de médecine générale date de 2017, avec une toute petite réévaluation à l'été 2022. Vue l'augmentation des prix, l'inflation, et l'augmentation des loyers, il est totalement insuffisant. Et nous demandons sa revalorisation. Pour un montant précis, nous sommes en train d'en discuter au sein du réseau de l'Isnar-IMG. Pour rappel sur notre fonctionnement : ce sont les représentants locaux de chaque subdivision qui décident de ce genre de choses, et les élus comme moi doivent appliquer les décisions prises collectivement. Je n'ai pas à proposer de mon propre chef un montant adéquat. Je t'invite à contacter ton syndicat local, pour qu'il défende ta position lors de notre prochaine assemblée générale.
Journaliste QDM (SL)
Ce Live chat est sur le point de se terminer. Une dernière question avant de remercier notre invité.
-Bribri
Dans la mesure où les internes sont clairement la main d'oeuvre pour faire tourner les hôpitaux, pensez-vous réellement que nous puissions obtenir de nouveaux droits ? Ça n'a pas l'air d'être la pente empruntée !
Théophile Denise
Nous le pensons sincèrement ! Le chemin de la conquête de nouveaux droits s'est toujours faite alors qu'on nous rétorquait que le système allait s'écrouler si on l'obtenait. Un exemple que je donne fréquemment : en 2001,le repos de sécurité après chaque garde était vu comme complétement irréaliste, et la proposition du ministère était de permettre aux internes de poser un jour de congés après leurs gardes. Vingt ans plus tard, le repos de sécurité est une évidence presque partout et n'a apporté que des bénéfices aux internes et aux patients.
La fin du travail pendant 24 heures consécutives est totalement réaliste. Elle a été faite dans de nombreux pays et la bibliographie prouve l'amélioration des prises en charge et de la qualité de vie au travail. Nous finirons bien par l'obtenir en France.
La fin du travail pendant 24 heures consécutives est totalement réaliste. Elle a été faite dans de nombreux pays et la bibliographie prouve l'amélioration des prises en charge et de la qualité de vie au travail. Nous finirons bien par l'obtenir en France.
Journaliste QDM (SL)
C’est fini pour aujourd’hui !
Merci Théophile Denise d’avoir participé à ce Live chat avec les lecteurs du « Quotidien ».
À vous le mot de la fin.
Merci Théophile Denise d’avoir participé à ce Live chat avec les lecteurs du « Quotidien ».
À vous le mot de la fin.
Théophile Denise
Merci pour ces questions. N'hésitez pas à nous contacter pour obtenir de l'aide sur des questions de droit des internes et de temps de travail. Merci de votre invitation au "Quotidien du Médecin" pour ce Live chat.
Je tiens au nom de l'Isnar-IMG à apporter notre soutien à l'équipe de journalistes du Groupe Profession Santé qui ont appris récemment qu'il existait un projet de fusionner plusieurs journaux du groupe et de licencier une partie de l'équipe. C'est une décision regrettable puisque ce sont des titres de qualité, notamment pour les internes et qui sont très complémentaires les uns des autres.
Je tiens au nom de l'Isnar-IMG à apporter notre soutien à l'équipe de journalistes du Groupe Profession Santé qui ont appris récemment qu'il existait un projet de fusionner plusieurs journaux du groupe et de licencier une partie de l'équipe. C'est une décision regrettable puisque ce sont des titres de qualité, notamment pour les internes et qui sont très complémentaires les uns des autres.
Journaliste QDM (SL)
Merci à toutes et à tous pour votre participation. Rendez-vous prochainement pour un nouveau Live chat.
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