Avec la Comédie-Française et le festival Paris l'été

Fin de saison fertile

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Publié le 23/06/2023
Quelques spectacles nouveaux, à l’orée de la belle saison, en attendant le festival Paris l’été.
« Mémoire de fille »

« Mémoire de fille »
Crédit photo : MONIKA RITTERHAUS/COMÉDIE-FRANÇAISE

Le soleil n’est pas l’ami du théâtre ! Les spectateurs préfèrent flâner aux terrasses et se contentent de la vie de la rue… Pourtant, certaines salles affichent des nouveautés. La Comédie-Française donne l’exemple en ne terminant sa saison qu’à la fin du mois de juillet. On peut notamment voir, ou revoir, car il s’agit d’une reprise, « le Petit Maître corrigé » de Marivaux, délicieuse comédie mise en scène par Clément Hervieu-Léger, et qui réunit une très belle partie de la Troupe, dont Didier Sandre, Sylvia Bergé, Loïc Corbery, Adeline d’Hermy, Christophe Montenez et le metteur en scène lui-même, dans un décor champêtre signé de l’Administrateur général, Éric Ruf (Salle Richelieu, en alternance, jusqu’au 25 juillet).

Au Studio-Théâtre, il ne vous reste que deux jours pour retrouver, à 18h30, Didier Sandre dans ce moment d’exigeante poésie claudélienne qu’est « la Messe là-bas » (Studio, jusqu’au 25 juin). Et, pour plus longtemps, à 20h30, une nouveauté amusante, « 36 chandelles dans la Maison de Molière », avec la merveilleuse Catherine Salviat dans un moment qui lui ressemble : parfait et gamin, grave et cocasse. Désormais Sociétaire honoraire, elle se souvient de ses trente-six années passées dans cette grande troupe et égrène même des souvenirs de son adolescence, de sa formation. Elle est irrésistible, dans une mise en scène de Serge Sarkissian (20h30, durée 1 heure, jusqu’au 2 juillet).

Au Vieux-Colombier, cependant, une création, « Mémoire de fille », d’après Annie Ernaux, avec trois comédiennes qui rivalisent d’intelligence et de grâce, des sociétaires à forte personnalité, qui sont comme la déclinaison de la seule auteure : Anne Kessler, Coraly Zahonero, Clotilde de Bayser. La metteuse en scène est très en vogue et d’ailleurs talentueuse : Silvia Costa. Italienne, elle a travaillé longtemps au sein de la compagnie de Romeo Castellucci. Depuis plusieurs années, en théâtre comme en lyrique, elle signe ses spectacles. Elle aime les images, les mouvements. Elle analyse beaucoup et se perd parfois dans des considérations pesantes. On peut plus ou moins aimer Annie Ernaux : le monde du théâtre n’a pas attendu son prix Nobel pour la porter aux nues et sur les plateaux ! Les trois belles comédiennes servent un exercice formel élégant. La metteuse en scène, qui signe aussi les costumes, très nombreux, déclinés selon les facettes du personnage, a déjà monté ce spectacle en une autre langue : c’est la manière Ivo van Hove, un peu oublieuse des personnalités. Dommage. On peut négliger sans crainte la pseudo-exposition à la Makeïeff qui accompagne la représentation (Vieux-Colombier, 1h20, jusqu’au 16 juillet).

Préparez-vous à retrouver les espaces heureux de Paris l’été, le festival qui fait oublier Avignon ! Créé par Patrice Martinet sous le nom de « Paris, quartier d’été », il a poursuivi son chemin sous la houlette de Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel. Ils dirigeaient le Monfort, ils succèdent à Jean-Michel Ribes au Rond-Point. Ils ont su arrimer les festivités de l’été au lycée Decour, dans le 9e arrondissement, et le bâtiment est devenu en quelques saisons un havre de convivialité et de surprises spectaculaires. Mais bien d’autres lieux sont investis. Tous les arts se mêlent, les frontières sont poreuses. Consultez le programme, excellent (du 10 au 30 juillet, parislete.fr, tél. 01.44.94.98.00).

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin