ARTS - À Paris, au Centre Pompidou

La danse, inspiratrice des avant-gardes

Publié le 09/12/2011
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Crédit photo : NOLDE STIFTUNG SEEBUELL

ISADORA DUNCAN, à qui on doit le titre de l’exposition, « Exprime la vérité de son être », Nijinsky, dans « l’Après-midi d’un faune », la sensualité. Des théories et des écoles se développent, recherchant l’harmonie du corps, de l’esprit ou de la nature. Mary Wigman, avec « la Danse de la Sorcière » (1913), fascine les peintres expressionnistes, Nolde (« Danseuses aux bougies », photo) et Kirshner (« Danse de la mort »). Le Theatertanz de Pina Bausch est l’héritière de l’expression de cette subjectivité.

Loïe Fuller, dans sa « Danse serpentine » (1892), disparaît dans ses voiles, éclairée par le sol. Ses mouvements favorisent une théorisation autour du volume, le cercle pour Nijinsky, le polyèdre pour Laban, que retiendra William Forsythe. Rythmes et formes inspirent l’abstraction, Kupka (« la Foire ou la Contredanse », 1913), le mouvement De Stijl (le style) de Théo van Doesburg, le futurisme de Severini et les Ballets plastiques de Fortunato Depero, et jusqu’à Olafur Eliason. Oscar Schemler, au Bauhaus, revendique, avec « le Ballet triadique » (1916-1922) et ses corps revêtus de formes mathématiques, une œuvre d’art totale inspirée de Kandinsky. Dans la lignée se situent le chorégraphe Alwin Nikolais et les sculptures cybernétiques de Nicolas Schoffer.

Les performances dadaïstes de Sophie Taeuber-Arp au café Voltaire, à Zurich, trouvent des correspondances dans les années 1930 avec les contorsions des femmes acrobates de Picasso, les distorsions du photographe d’André Kertesz. Elles inspirent les « Anthropométries » d’Yves Klein. Dans les années 1940, peut-on considérer l’Action Painting de Jackson Pollock comme une danse du dripping ? Merce Cunningham, avec John Cage, déstructure la danse, collabore avec Warhol, Rauschenberg. La danse populaire, véritable corps collectif, traverse le siècle, du « Bal Bullier » de Sonia Delaunay à la performance des années 1970 de John Travolta dans « Saturday night Fever » revue par Ange Leccia. Felix Gonzalez-Torres nous propose, sous un dais de lampes, de devenir nous-même danseur au son d’une valse de Vienne. Une référence à Nietzsche : « Et que l’on estime perdue toute journée où l’on n’aura pas au moins une fois dansé. »

Vidéodanse, un programme de 250 films éclairant le travail de 150 chorégraphes, accompagne l’exposition.

« Danser sa vie - Art et danse de 1900 à nos jours », Centre Georges-Pompidou (www.centrepompidou.fr), jusqu’au 2 avril. Tous les jours de 11 à 21 heures, sauf le mardi.

CAROLINE CHAINE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9056