ARTS - À Paris, au Musée Maillol, Miró sculpteur

La métamorphose du réel

Publié le 18/03/2011
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Crédit photo : ADAGP/CL. GERMAIN

ON SE FAIT volontiers une idée charmante et décorative de l’œuvre de Joan Miró. Elle est pourtant profonde, totale, en recherche exigeante de vérité. Miró l’absolu. Miró le révolté. Miró l’anti-académique, ardent défenseur d’un « art libre » et contre la norme, un art qui dépasserait l’idée d’héritage et qui transgresserait les codes picturaux. Toute sa vie, l’artiste s’est battu pour se dégager de ce qui pouvait entraver la virginité et l’idéal de pureté de sa création. Loin de s’embarrasser des lois, Miró écouta plutôt les « vibrations de [son] esprit créateur » et affirma son identité, en peinture comme en sculpture. Sur la centaine d’œuvres exposées ici, la plupart sont nées de l’imaginaire de l’artiste. Mais certaines viennent également de la collecte d’objets bruts qu’aimait faire Miró au cours de ses promenades et qu’il traitait en assemblages de bric et de broc, d’une poésie unique.

Les sculptures de Miró sont peuplées d’« horloges du vent », de jeunes filles élancées, d’oiseaux lunaires et de chiens, de « femme soleil » et de « femme insecte », de poupées et d’équilibristes, de « personnages dans la nuit ». Les papillons se nichent dans les « cheveux magnétiques » des créatures sculptées. Les monuments sont dédiés « à la gloire du vent ». On reconnaît parfois les pictogrammes et la signalétique si caractéristiques du style de l’artiste. Formes rondes ou anguleuses, sensuelles ou folkloriques, taches de couleurs cernées se répondent dans un ballet onirique et fantasmatique, aux accents surréalistes et énigmatiques. Les patines du bronze sont élégantes. Elles se déclinent en bruns, rouges et verts.

Ces œuvres tendent vers l’ascèse, vers la recherche de l’essentiel ou de l’essence. Leurs formes sont réduites à leur plus simple expression. Elles métamorphosent le réel.

La sculpture de Miró est virginale, profondément sincère et lisible.

Musée Maillol – Fondation Dina Vierny, 59-61, rue de Grenelle, 7e, tél. 01.42.22.59.58. Tlj de 10 h 30 à 19 heures (vendredi jusqu’à 21 h 30). Jusqu’au 31 juillet. Catalogue, coédition Gallimard-musée Maillol, 208 p., 35 euros.

D. T.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8926