LE NOM de Rouen est indissociable de l’impressionnisme. La ville aux 100 clochers fut un très important foyer des débuts de ce mouvement, l’un des plus célèbres de l’histoire de l’art. Ce n’est sans doute pas un hasard si Gauguin, Sisley ou Pissarro trouvèrent dans cette ville et ses environs un cadre idéal pour leur création. Le climat versatile de Rouen, sa lumière tantôt douce, tantôt aveuglante, sa cathédrale, l’animation de ses rues, de ses quais, de son port, de ses places, avaient en effet et ont gardé une qualité et un charme particuliers.
L’Atelier Grognard accueille actuellement une belle exposition qui raconte l’histoire de l’Impressionnisme dans la capitale normande. L’avant-garde rouennaise y est largement représentée par des œuvres de Léon-Jules Lemaître (vues de la ville dans des tonalités grises), Joseph Delattre, Charles Frechon et du Parisien Charles Angrand (ravissant « Pont de pierre » de 1881). On trouve également des compositions d’Albert Lebourg, « le peintre de la Seine », puis des artistes de la 2e génération, tels Léon Suzanne, Maurice Vaumousse, Marcel Couchaux… Chez Pierre Dumont ou Eugène Tirvert, on voit poindre le fauvisme : la couleur se libère et la touche est de plus en plus affranchie.
Au tournant du siècle, alors que les derniers feux de l’Impressionnisme s’éteignent, Antoine Pinchon, Alfred Dunet, Michel Frechon viennent encore à Rouen pour peindre. À l’écoute de leurs sensations pures et dans l’observation aiguë de ce qu’ils contemplaient, ces artistes de l’école rouennaise n’eurent de cesse de peindre la Seine, nuageuse, lumineuse, voilée ou dorée, la vie du port, les quartiers animés et la campagne, dont ils surent capter l’atmosphère aérienne changeante et brumeuse, si particulière à la Normandie.
Atelier Grognard, 6, avenue du Château de Malmaison, tél. 01.41.39.06.96. Jusqu’au 18 avril.
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