Trois expositions à Paris

L'abstraction selon Hartung

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Publié le 03/02/2020

Au musée d’Art moderne de Paris, Hans Hartung, un des inventeurs de l’abstraction, avec une peinture gestuelle et lyrique. À la Cité de la musique, les idoles musicales de Pierre et Gilles depuis les années 1970. Et au musée d'Orsay, l'écrivain Joris-Karl Huysmans critique d'art.

Hartung, Acrylique au pistolet sur toile, 1989

Hartung, Acrylique au pistolet sur toile, 1989
Crédit photo : JULIEN VIDAL/ADAGP

Au musée d’Art moderne de Paris (1), « Hans Hartung - La fabrique du geste » : 70 ans de création au cours d’une vie (1904-1989) marquée par la montée du nazisme dans son Allemagne natale, qui le conduit à s’installer avec sa femme, Anna-Eva Bergman, à Minorque, puis en France. En 1940 il s'engage dans la Légion étrangère. Blessé en 1944, il est amputé d’une jambe. Il aura besoin d’assistants à partir de 1956 pour poursuivre son travail et s’installer à Antibes dans la maison qui deviendra la Fondation Hartung-Bergman, d’où proviennent une grande partie des 300 œuvres de l’exposition.

Après des aquarelles expressives, les dessins et pastels qu’il met au carreau et agrandit sur la toile, engageant un travail sur la série, témoignent d’une liberté du geste. Pendant la guerre, sous l'influence notamment de son nouveau beau-père, le sculpteur Julio González, il adopte un style calligraphique ample, des signes noirs sur fond coloré, puis de nouvelles formes avec la série des palmes. Les années 1950 et 1960 sont marquées par une gestualité rapide et nerveuse, avec l’abandon de l’huile pour des peintures industrielles superposées projetées avec divers outils, qu'il travaille par grattage. Une manière qu’il développera avec ses assistants pour de grands formats où le geste est complètement libéré. Son abstraction est faite de mouvement, de spontanéité, de contrôle et de couleur.

Et aussi des chanteurs et un critique d'art

À la Cité de la musique (2), « Pierre et Gilles, la fabrique des idoles ». La passion musicale du couple d'artistes va d’Étienne Daho à Claude François, Sylvie Vartan, Madonna ou Michael Jackson. Il y a aussi les années Palace, lieu incontournable des nuits parisiennes, qui fermera en 1983. Pierre prend la photo qui est imprimée sur toile, Gilles peint et idéalise le modèle. Ils sont tous beaux, les musiciens ainsi immortalisés, à découvrir au rythme de leurs chansons dans des décors féeriques très sophistiqués.

Au musée d'Orsay (3), « Huysmans critique d'art » (De Degas à Grünewald, sous le regard de Francesco Vezzoli). L'écrivain Joris-Karl Huysmans (1848-1907), l'auteur d’« À rebours », illustration de l’esprit décadent de la fin du XIXe siècle, est aussi un critique d’art engagé des années 1870-1880, quand coexistent la peinture académique, les débuts impressionnistes et le symbolisme. Il qualifie la Vénus de Bouguereau de « baudruche mal gonflée », est de même sans pitié pour tous les artistes pompiers des salons, y compris Baudry et Jérôme. Ses goûts vont vers Degas, Forain, Caillebotte, les symbolistes, avec Odilon Redon, Manet, et, rarement, Monet et Pissaro. Ses critiques seront regroupées dans trois livres. « Au fond, je suis pour l'art du rêve autant que pour l'art de la réalité. »

 

 

 

 

 

 

(1) Jusqu'au 1er mars, www.mam.paris.fr

(2) Jusqu'au 23 février, www.philharmoniedeparis.fr

(3) Jusqu'au 1er mars, www.musee-orsay.fr

 

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin