L’Accord muscle son discours

À L’IMAGE des haut de gamme français, ou présumés tels, les Japonaises ont du mal à creuser leur sillon. Quels que soient les efforts déployés, elles ne séduisent qu’une infime partie de la clientèle européenne. La remarque vaut autant pour la Honda Accord que pour la Toyota Avensis ou la Mazda 6. D’aucuns estiment que ce traitement infligé aux trois « geishas » est injuste. Il y a probablement une part de vérité dans ce constat. Outre le manque de notoriété dont elles souffrent, elles se retrouvent en concurrence avec une armada germanique surpuissante et technologiquement au top.

Pour élargir leur rayon d’action, il faudrait que leurs géniteurs consentent d’énormes sacrifices financiers pour assurer leur promotion. Le jeu n’en vaut pas la chandelle, indique-t-on en haut lieu. Et il est vrai que, lorsqu’un acheteur manifeste une quelconque appétence pour un haut de gamme, son regard se tourne presque systématiquement vers Ingolstadt, Munich ou Stuttgart, comprenez Audi, BMW et Mercedes. Pourquoi aller chercher très loin le bonheur que l’on a sous la main ? Le combat est donc inégal. Mais pas forcément perdu d’avance. Car certains clients, nourris depuis belle lurette à la mamelle Honda, apprécient la fiabilité, le raffinement et le sérieux de la marque.

C’est sur cette bonne réputation avérée que l’Accord s’appuie pour tenter de garder la tête hors de l’eau. Il reste qu’un quatre cylindres Diesel 150 ou 180 ch, aussi silencieux et tonique soit-il, aura toujours des difficultés à soutenir la comparaison avec les six cylindres germaniques. D’autant que dans sa définition 180 ch, il ne dispose pas de boîte auto séquentielle ou d’un équivalent DSG (double embrayage).

Ceux qui demeurent attachés à la boîte mécanique ne verront évidemment pas d’inconvénient à jouer du « manche ». Les autres attendront ou se positionneront sur la 150 ch, qui, curieusement, dispose de l’excellente boîte automatique associée à des palettes installées derrière le volant.

Ces trente chevaux supplémentaires, ajoutés à de minimes modifications de style, ne justifient néanmoins pas totalement l’appellation nouveauté. Cela dit, l’Accord est une voiture intelligente, discrète et agréable à vivre, y compris en version break, nonobstant des passages de roues qui pénalisent le volume de chargement.